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L'échec de Goulard bouscule le calendrier de la nouvelle Commission

Le rejet de la candidate française Sylvie Goulard, venu s'ajouter au veto à ses homologues hongrois et roumain, a jeté le doute sur la capacité de la prochaine Commission européenne à prendre ses fonctions comme prévu le 1er novembre.

"Pas possible", a dit vendredi à l'AFP une source parlementaire. "Probablement trop juste", a concédé un chef de groupe politique.

Le président Emmanuel Macron, dont la candidate Sylvie Goulard a échoué au terme d'un vote parlementaire très net (82 voix contre, 29 pour), a pour sa part dramatisé l'enjeu vendredi, en déplorant "une crise politique" dans les institutions européennes.

Le vote de confirmation du Parlement européen sur l'ensemble de l'équipe composée par l'Allemande Ursula von der Leyen doit se tenir, selon le calendrier prévu, le 23 octobre lors d'une session plénière à Strasbourg.

Sauf que désormais trois noms ont été retoqués par les commissions du Parlement européen au cours de la procédure d'évaluation.

Le Hongrois Laszlo Trocsanyi (Elargissement et voisinage) et la Roumaine Rovana Plumb (Transport) n'ont pas passé l'étape de l'examen des déclarations d'intérêt.

Et jeudi ce fut au tour de la Française Sylvie Goulard d'être recalée pour des raisons éthiques, au stade d'une deuxième audition par les commissions compétentes pour son portefeuille.

L'ex-eurodéputée, éphémère ministre des Armées en France en 2017, était pressentie pour prendre en charge Marché intérieur, Industrie, Défense, Espace, Numérique et Culture, soit un des plus larges portefeuilles du futur exécutif de l'UE.

"A ce stade, on n'a pas de candidat, donc on ne peut pas spéculer", a répondu vendredi à la presse une porte-parole de la Commission, interrogée sur le calendrier à venir.

"Le timing est principalement entre les mains des trois pays membres pour proposer des candidats, et du Parlement européen" pour organiser les auditions, a poursuivi cette porte-parole, Mina Andreeva.

Il faudrait alors que d'ici la fin du mois, les gouvernements français, roumain et hongrois proposent de nouveaux noms, qu'ils soient validés par Mme von der Leyen, que leur déclaration d'intérêt soit examinée, qu'ils préparent leur audition en commençant par répondre à des questions écrites. Puis, enfin, que l'audition ait lieu, avec la possibilité en cas d'hésitation de questions écrites supplémentaires et d'une seconde audition.

- "Crise majeure" -

Pour une autre source parlementaire, c'est une question de volonté politique. Si les noms tombaient la semaine prochaine, le calendrier pourrait être tenu, à supposer que les portefeuilles offerts aux commissaires n'évoluent pas et donc que les questions soient déjà prêtes.

Mais une autre grande inconnue est venue s'ajouter: jeudi, le gouvernement de gauche roumain a été renversé par un vote de l'opposition, retardant sa capacité de proposer un candidat.

"L'entrée en fonction de la Commission von der Leyen devrait être retardée. La Roumanie, dont le gouvernement vient de tomber, doit présenter un nouveau candidat", a souligné un diplomate européen.

La secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, a regretté que le rejet de Mme Goulard bloque la mise en place de l'équipe von der Leyen, allant jusqu'à évoquer "une crise institutionnelle majeure".

"Nous devons maintenant organiser sans délai la suite du processus avec le Parlement afin que l'Europe soit rapidement en mesure d'agir", avait réagi de son côté Mme von der Leyen jeudi soir.

"Toutes les personnes impliquées dans ce processus auront besoin de suffisamment de temps pour préparer les prochaines étapes avec soin", avait aussi fait valoir la dirigeante allemande.

En cas de retard, il n'y aura pas de vacance: la règle prévoit que la Commission sortante, présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, fasse l'intérim pour les affaires courantes.

Cela s'est déjà produit trois fois, d'après un décompte de l'exécutif européen.

La Commission Barroso II, qui aurait dû débuter fin 2009, n'avait par exemple pris ses fonctions qu'en février 2010 après trois mois de gestion des affaires courantes. En cause: un processus de validation laborieux mais aussi des retards dans l'application du traité de Lisbonne.

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