Accueil Actu

L'hostilité des dirigeants envers les médias se généralise, aussi en Europe

(Belga) L'hostilité des dirigeants politiques envers les médias n'est plus l'apanage des seuls pays autoritaires et menace les démocraties, met en garde mercredi Reporters sans frontières (RSF) à l'occasion de la publication de son classement annuel de la liberté de la presse. La Belgique fait figure de bon élève (7e place sur 180 pays, +2 par rapport à 2017), au sein d'un continent européen qui reste celui où la liberté de la presse est la mieux garantie. Mais des pays comme la République tchèque, la Slovaquie ou Malte dégringolent. Les responsables politiques qui alimentent la détestation des journalistes "jouent avec un feu extrêmement dangereux", insiste l'organisation.

Partout dans le monde, des chefs d'Etat démocratiquement élus voient la presse "comme un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion". On pense bien entendu à Donald Trump, le président des Etats-Unis (45e, -2). Mais le continent européen n'est pas épargné. Sur les cinq plus fortes baisses du classement 2018, quatre sont d'ailleurs des pays européens, relève l'ONG basée à Paris: Malte (65e place, -18), la République tchèque (34e, -11), la Serbie (76e, -10) et la Slovaquie (27e, -10). C'est en Europe que la dégradation de l'indice régional est la plus forte. Or quand un président se présente à une conférence de presse muni d'une kalachnikov factice avec l'inscription "pour les journalistes" (Milos Zeman en République tchèque) ou quand un Premier ministre traite les journalistes de "simples hyènes idiotes" (Robert Fico en Slovaquie), c'est toute une vision du débat public fondé sur la libre recherche des faits qui est menacée, déplore le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Le modèle d'information verrouillée chinois (176e), qui s'exporte en Asie, ou celui de la Russie (148e), "qui étend son réseau de propagande à travers le monde grâce à ses médias comme RT et Sputnik", montrent l'influence grandissante des "hommes forts" qui étouffent les voix critiques. Dans des pays autoritaires comme la Turquie (157e) ou l'Egypte (161e), les accusations de terrorisme fleurissent contre tous les journalistes qui ne prêtent pas allégeance au pouvoir. Aux Philippines (133e) ou en Inde (138e), "la frontière entre la brutalité verbale et la violence physique est de plus en plus ténue". La carte de la liberté de la presse de RSF n'a en tout cas "jamais compté autant de pays en noir": dans 12% des Etats, la situation est considérée comme "très grave" avec une médaille du pire attribuée à la Corée du Nord, qui conserve sa dernière place. A l'autre bout du classement, la Norvège reste en tête pour la deuxième année consécutive, suivie par la Suède. Les Pays-Bas sont troisièmes, devant la Finlande qui était encore première en 2016. Publié chaque année depuis 2002, le classement de la liberté de la presse de RSF compare la situation dans 180 pays sur la base de questionnaires soumis à des experts du monde entier et d'une analyse qualitative. (Belga)

À lire aussi

Sélectionné pour vous