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L'Italie se cherche un gouvernement, coup d'envoi des consultations

Le président italien Sergio Mattarella entame mercredi ses consultations en vue de la formation du gouvernement, un objectif qui semble encore loin un mois après des élections législatives qui n'ont pas permis d'aboutir à une majorité claire au parlement.

Après les présidents des chambres et les petites formations mercredi, le président Mattarella recevra jeudi les représentants des principaux partis politiques en terminant par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), ces derniers revendiquant chacun la victoire aux législatives du 4 mars.

Devenus les nouveaux patrons de la politique italienne, Luigi Di Maio (M5S) et Matteo Salvini (extrême droite) aspirent chacun au poste de chef du gouvernement: le premier pour avoir fait de son mouvement contestataire le premier parti d'Italie avec plus de 32% des voix; le second pour avoir hissé la Ligue à la première place au sein de la coalition de droite, arrivée en tête avec 37% des voix.

Mais il se peut que tous deux soient finalement obligés de s'entendre sur un troisième nom, acceptable par les deux camps, pour diriger le gouvernement, même si Luigi Di Maio a réitéré mardi soir qu'il était le seul candidat de son mouvement au poste de Premier ministre.

Depuis un mois, les déclarations, échanges et autres tentatives d'ouverture entre les principaux leaders n'ont pas permis d'entrevoir un quelconque accord permettant de faire émerger une majorité gouvernementale.

Tous les scénarios restent donc possibles après ce round d'observation, à commencer par celui d'un exécutif qui réunirait le M5S et la Ligue, le rapprochement entre ces deux forces, désormais majoritaires au parlement, ayant permis d'élire fin mars les présidents du Sénat et de la Chambre des députés.

Luigi Di Maio, 31 ans, n'a pas fermé la porte à ce scénario, affirmant mercredi soir sur la chaîne de télévision La 7 qu'il était ouvert à une majorité comprenant la Ligue, mais sans Silvio Berlusconi. Il s'est même dit prêt à discuter sur le nom des ministres, un changement par rapport à ses positions initiales.

Un tel scénario impliquerait que Matteo Salvini, le patron de la Ligue, rompe avec la coalition de droite et donc avec Forza Italia, le parti de M. Berlusconi, ce qu'il n'est toujours officiellement pas prêt à faire.

La coalition de droite discutera d'une collaboration avec le M5S, "mais sans être l'objet de vetos", a réaffirmé mardi soir Matteo Salvini, 45 ans.

Et même s'il existe des convergences entre les deux partis -baisse des impôts, lutte contre l'immigration, coupes sur les retraites des parlementaires, abrogation de la réforme des retraites-, un accord sur le fond semble encore éloigné.

- Impasse politique -

"Salvini doit choisir entre changer l'Italie ou rester avec Berlusconi", a répondu mardi Luigi Di Maio.

Et si le leader de la Ligue persiste et signe, le jeune leader du M5S est alors prêt à discuter avec le Parti démocrate (PD, centre-gauche), grand perdant du scrutin du 4 mars. Ce dernier s'y refuse, se cantonnant pour l'instant dans un rôle d'opposition, même si certains en son sein envisagent un dialogue.

Luigi Di Maio compte également présenter l'ébauche d'un projet de loi de finances, qui doit être soumis en avril à la Commission européenne, assurant mardi en avoir trouvé le financement.

Un geste qui permettrait de montrer que le mouvement eurosceptique, né du rejet de la classe politique traditionnelle, est désormais prêt pour gouverner, tout en adressant un signal rassurant en direction de Bruxelles.

Au cours de ses deux premières journées de consultations, le président de la République entendra les différents responsables politiques sur la façon dont ils envisagent de former un gouvernement capable d'obtenir la confiance du parlement.

Le chef de l'Etat en tirera les conclusions en annonçant probablement, selon les médias italiens, un nouveau round de consultations, sauf surprise à ce stade des discussions.

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