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L'UE affiche sa "solidarité" avec Londres, mais aussi ses dissensions face à Moscou

Les pays de l'UE, en pleine procédure de divorce avec le Royaume-Uni, ont affiché lundi leur "totale solidarité" avec Londres face à Moscou, mais ils n'ont pu masquer des dissensions sur l'attitude à adopter après l'agression à l'arme chimique dont a été victime un ex-espion russe sur le territoire britannique.

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian a donné le ton à son arrivée. "Nous souhaitons une unité totale de l'Union européenne" sur l'utilisation du Novitchok, un agent neurotoxique identifié par les enquêteurs comme la substance utilisée pour empoisonner un ancien agent russe, Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, à Salisbury (sud de l'Angleterre).

"Nous partageons l’analyse faite par les Britanniques, selon laquelle il n’y a pas d’explication plausible autre que celle de la responsabilité de la Russie", a ajouté M. Le Drian.

Ses homologues ne l'ont toutefois pas suivi pour affirmer la responsabilité de la Russie dans cette attaque.

Le texte de leur déclaration commune est le résultat d'un compromis entre les différentes positions des Etats-membres face à Moscou. "La grande majorité des ministres pouvait accepter un texte plus précis, mais le chef de la diplomatie grecque a plaidé en faveur d'une atténuation du premier paragraphe" sur la responsabilité de la Russie, a-t-on indiqué de source diplomatique.

"Les déclarations des Etats membres montrent des différences de langage et cela est peut être dû au fait que le niveau de partage des informations avec le Royaume-Uni est différent", a commenté la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Les ministres européens se sont donc concentrés sur une expression de solidarité envers le Royaume-Uni. "L'utilisation d'armes chimiques par quiconque, quelles que soient les circonstances, est totalement inacceptable et constitue une menace pour notre sécurité à tous", ont-ils affirmé.

"Le texte adopté aujourd'hui l'a été par les 28. Il s'agissait d'un clair test de solidarité et d'unité avec un Etat membre en train de quitter l'UE", a souligné Mme Mogherini.

"Si quelqu'un cherchait à nous diviser, cela a échoué", s'est-elle félicitée.

-'Réflexes antirusses'-

A Moscou, le ministère des Affaires étrangères s'est dit "perplexe face à la hâte avec laquelle les pays membres de l'UE ont dit considérer +avec un sérieux extrême+ les inventions du pouvoir britannique sur l'implication de la Russie dans l'incident tragique à Salisbury".

"Nous regrettons que l'UE, omettant ces considérations et ces faits évidents, a encore une fois été victime de +la solidarité européenne+ et de réflexes antirusses accumulés. Cette situation, bien sûr, ne fait pas honneur à la politique étrangère de l'UE", a regretté le ministère dans un long communiqué.

Les 28 de l'UE ont par ailleurs écarté la question de nouvelles sanctions contre la Russie. "Les sanctions sont compliquées à prendre à 28. Il n'y a pas d'unanimité", a reconnu une source diplomatique.

La Grèce, l'Italie et Chypre bloquent tout durcissement des sanctions économiques décidées pour punir l'annexion de la Crimée et le soutien présumé de Moscou aux séparatistes qui ont déclenché le conflit en Ukraine au printemps 2014, observe-t-on de même source.

Le président russe Vladimir Poutine, qui tirerait profit des dissensions européennes, nie toute implication dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal. Tout juste réélu dimanche soir, il a rejeté les accusations britanniques.

Une nouvelle réaction de l'UE est attendue lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE jeudi et vendredi à Bruxelles.

"Nous verrons cela lorsque toute la situation sera éclaircie", a expliqué lundi le chef de la diplomatie espagnole Alfonso Dastis, partisan d'attendre les conclusions des experts internationaux attendus lundi au Royaume-Uni pour mener des tests sur la substance utilisée.

Le nouveau chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Heiko Maas, a critiqué lundi les conditions dans lesquelles s'est tenue l'élection en Russie.

"On ne peut certainement pas dire que (l’élection) était sur toute la ligne une compétition politique équitable", a estimé M. Maas. Il a également jugé "inacceptable le fait que ces élections ont également eu lieu en Crimée, qui a été annexée en violation du droit international".

Mais il a souligné la nécessité de poursuivre le dialogue avec Moscou. "Nous avons besoin de la Russie pour trouver des solutions aux grands problèmes internationaux", a-t-il expliqué. La Russie est partie prenante à la crise en Ukraine et à la guerre en Syrie avec son soutien actif au régime au pouvoir à Damas.

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