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L'UE prévient Londres de "frictions" commerciales inévitables après le Brexit

Le président du Conseil européen Donald Tusk doit présenter mercredi sa vision des relations entre l'UE et le Royaume-Uni après le Brexit, qui va tempérer les espoirs britanniques d'un lien commercial "sans frictions".

"Le fait d'être en dehors de l'union douanière et du marché unique", comme le souhaite Londres, "entraînera inévitablement des frictions", prévient-il dans un texte soumis aux dirigeants des 27, et vu par l'AFP.

Mais si les positions du Royaume-Uni évoluaient, l'UE "sera prête à reconsidérer son offre", ajoute-t-il dans ce projet de texte, qui devra encore être approuvé lors d'un sommet européen les 22-23 mars à Bruxelles, avant de devenir la position de l'UE.

M. Tusk profitera d'un déplacement à Luxembourg pour présenter dans le détail devant la presse son "projet de lignes directrices sur le cadre de la future relation" avec le Royaume-Uni, dont la clé de voûte devrait être un accord de libre-échange aux contours encore incertains.

Ce volet crucial des tractations avec Londres n'a pas encore démarré, les discussions s'étant jusqu'ici concentrées sur la préparation du traité scellant le Brexit, avec de lourds dossiers comme la facture du divorce, le sort des expatriés et l'avenir de la frontière irlandaise.

Après avoir réclamé pendant des mois aux Britanniques de dire clairement ce qu'ils voulaient, le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, a salué vendredi la "clarté" apportée par la Première ministre britannique Theresa May dans un discours prononcé à Londres.

La dirigeante conservatrice y a confirmé sa détermination à quitter le marché unique et l'union douanière, tout en plaidant pour la conclusion d'un accord de libre-échange "le plus large possible" avec l'UE, "couvrant plus de secteurs et avec davantage de coopération que n'importe quel accord de libre-échange dans le monde aujourd'hui".

-'Accord d'association'-

Dans le texte du président du Conseil européen, l'UE douche ces ambitions. Elle semble aussi rejeter la volonté affichée par Theresa May de continuer à participer à certaines agences européennes, comme celle des médicaments ou celle chargée de la sécurité aérienne.

Le discours de Theresa May vendredi dernier a marqué un "changement de ton", selon un document de travail interne discuté entre les 27 et cité par The Guardian, mais l'approche "à la carte" de Mme May et l'absence de propositions "réalisables" en matière de coopération douanière y sont une nouvelle fois critiquées.

Mme May s'est une nouvelle fois "adressée davantage à une audience nationale" qu'au 27, conclut ce texte, selon le quotidien britannique.

Le Parlement européen --qui ne participe pas aux négociations mais qui dispose d'un droit de veto sur tout accord avec Londres-- doit aussi faire part de ses "lignes rouges", dans un projet de résolution qui sera présenté mercredi à Bruxelles, avant d'être soumis au vote en plénière le 13 mars.

Les eurodéputés y rappelleront que les positions britanniques actuelles ne permettent d'envisager qu'un "accord d'association", n'autorisant en aucun cas des bénéfices comparables à ceux d'une appartenance à l'UE ou au marché unique, selon un projet de texte.

-'Déclaration politique'-

Des pays comme la France ont déjà mis Londres en garde, notamment sur l'accès au marché européen que pourra espérer la City. "Les services financiers ne peuvent être inclus dans un accord de libre-échange", a déclaré mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Dans un discours en décembre, M. Barnier avait lui aussi déjà tempéré tout excès d'optimisme: les "lignes rouges" britanniques ne permettront pas de négocier autre chose qu'un accord "sur le modèle de ce que nous avons négocié ou signé avec le Canada, la Corée du Sud et plus récemment le Japon".

Quoi qu'il en soit, un accord de libre-échange avec Londres ne pourra pas être conclu d'ici la date programmée du Brexit, fin mars 2019 --d'où la nécessité d'une période de transition.

En attendant, les 27 espèrent aboutir d'ici l'automne à la rédaction d'une "déclaration politique" fixant le cadre de ces futures relations, et qui accompagnerait l'accord de retrait, dont la négociation est loin d'être bouclée.

Theresa May en a rejeté la première version préparée par l'UE et dévoilée la semaine dernière, en raison de mesures "inacceptables" selon elle concernant la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et l'Irlande.

Pour éviter le retour d'une frontière physique entre ces deux entités, l'UE a en effet prévu la possibilité d'établir, faute de mieux, "un espace règlementaire commun" incluant l'UE et l'Irlande du Nord, "sans frontières intérieures".

"Aucun Premier ministre britannique n'acceptera" un tel scénario, a prévenu Mme May.

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