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L'UE réclame l'hospitalisation de Navalny, inquiétudes pour l'Ukraine

Les Européens, "très inquiets" pour la santé de l'opposant russe Alexeï Navalny, vont demander lundi à Moscou de le faire hospitaliser et, sur un autre front avec la Russie, tenteront d'apaiser les tensions sur l'Ukraine afin d'éviter un nouveau conflit dans ce pays.

"Les relations avec la Russie ne s'améliorent pas. Au contraire, la tension s'accroît dans différents domaines", a déploré le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell au début d'une réunion informelle avec les ministres des Affaires étrangères des 27.

La visioconférence devait débuter par une discussion sur les expulsions de diplomates survenues de part et d'autre entre Prague et Moscou, a-t-il indiqué.

Les ministres vont ensuite s'entretenir de l'état de santé "très inquiétant" d'Alexeï Navalny. "Les Européens ont demandé aux autorités russes de lui fournir des soins de santé. Notre demande n'a pas été prise en compte. Maintenant que la situation s'aggrave, nous rendons les autorités russes responsables de la santé de M. Navalny", a averti Josep Borrell.

Autre gros sujet: l'Ukraine et la situation "très dangereuse" provoquée par le déploiement de troupes russes à ses frontières. Les ministres européens auront un entretien avec leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

Les Vingt-Sept vont tenter de se mettre d'accord sur les leviers à actionner, mais aucune sanction contre Moscou n'est pour le moment en discussion. "Nous allons voir au cours de la journée", a confié à l'AFP un responsable européen.

Le président français Emmanuel Macron a évoqué cette option samedi "en cas de comportement inacceptable" de la Russie.

Alexeï Navalny a arrêté de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses mauvaises conditions de détention, accusant l'administration pénitentiaire russe de lui refuser l'accès à un médecin et des médicaments alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats. Ses médecins ont indiqué dimanche qu'ils avaient été empêchés de lui rendre visite.

Les Européens ont adopté un langage de fermeté pour tenter de sauver l'opposant âgé de 44 ans, dont les partisans ont appelé à des manifestations massives dans toute la Russie mercredi soir.

L'Allemagne et la France ont demandé de manière "urgente" aux autorités russes de fournir un "traitement médical adéquat" par des médecins ayant "la confiance" d'Alexeï Navalny et réclamé sa libération immédiate.

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a évoqué la "responsabilité majeure" du président russe Vladimir Poutine et Washington a mis en garde le Kremlin contre des "conséquences si M. Navalny mourait".

- "Eviter de donner un prétexte" -

Des médecins proches de l'opposant ont dit samedi craindre qu'il ne fasse un arrêt cardiaque "d'une minute à l'autre" en raison d'un niveau "critique" de concentration de potassium dans le sang. Ils ont appelé à le placer immédiatement en soins intensifs.

L'ambassadeur russe à Londres, Andreï Kéline, a affirmé que Moscou ne le laisserait pas "mourir en prison".

Au cours de leur réunion, les Européens vont par ailleurs chercher à soutenir l'Ukraine, sans pour autant froisser Moscou.

"Un conflit reste une possibilité avec un tel déploiement de troupes. Le danger d'un conflit par accident ne peut être écarté", a confié un haut responsable européen.

"Vladimir Poutine est en difficultés sur le plan intérieur et la Russie perd de son influence en Ukraine et sur la scène internationale. Je ne pense pas qu'il y ait des calculs de géopolitique dans ses actions. Seulement la crainte", a-t-il analysé.

Moscou a déployé "deux armées et trois unités de troupes aéroportées aux frontières ouest de la Russie pour des exercices", a indiqué la semaine dernière le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

L'Ukraine craint que le Kremlin ne cherche un prétexte pour l'attaquer. Le président Volodymyr Zelensky a demandé à l'Otan et à l'UE d’accélérer le processus d'adhésion de son pays pour envoyer au Kremlin "un vrai signal", mais cela lui a été refusé.

"Personne ne veut donner un prétexte à la Russie. L'Otan comme l'UE soutiennent les aspirations de l'Ukraine, mais sans enclencher le processus d'adhésion", ont expliqué plusieurs diplomates des deux organisations.

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