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L'Ukraine élit son président avec un comédien comme favori

Les Ukrainiens se rendaient aux urnes dimanche pour le premier tour d'une élection présidentielle qui s'annonce hautement imprévisible, avec un comédien sans expérience politique en tête des sondages et des enjeux colossaux pour un pays en guerre et en lourdes difficultés économiques.

Les bureaux de vote ont ouvert à 05h00 GMT et fermeront à 17h00 GMT.

Volodymyr Zelensky, 41 ans et dont la seule expériencede gouvernance se résume à incarner un professeur d'histoire devenu subitement président dans une série télévisée, devance de loin ses rivaux avec plus de 25% des intentions de vote, selon les derniers sondages.

Il est suivi par deux vétérans de la politique ukrainienne : le chef de l'Etat sortant Petro Porochenko et l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko, sur un total record de 39 candidats en lice.

"Il faut encore un mandat présidentiel pour que les réformes deviennent irréversibles", a plaidé samedi M. Porochenko, 53 ans, au cours d'un service religieux à Kiev, se plaçant en tant qu'artisan d'une adhésion future de l'Ukraine à l'UE et à l'Otan.

Alors que toute agitation politique était censée être interdite à la veille de l'élection, il était présent à cette occasion aux côtés du gratin du monde politique ukrainien et des militaires.

Volodymyr Zelensky a pour sa part profité samedi de la diffusion à la télévision de plusieurs de ses spectacles humoristiques et d'un documentaire consacré à Ronald Reagan, un acteur élu président des Etats-Unis en 1981, dont la voix off était doublée par le candidat.

Cette diffusion était assurée par la chaîne 1+1, propriété de l'oligarque Igor Kolomoïski, ennemi de M. Porochenko. Certains accusent M. Zelensky d'être sa marionnette, ce que le comédien dément.

"Oui, je n'ai pas d'expérience" mais "j'ai suffisamment de force et d'énergie. Bien sûr que je n'ai pas toutes les connaissances, mais je suis en train d'apprendre", avait déclaré M. Zelensky début mars dans un entretien avec l'AFP.


Candidat atypique

La fulgurante ascension de M. Zelensky a été favorisée par le désamour des électeurs ukrainiens face à des élites éclaboussées par des scandales de corruption à répétition et par leur déception cinq ans après le soulèvement pro-occidental du Maïdan, qui a porté au pouvoir M. Porochenko.

Les détracteurs de M. Zelensky s'interrogent cependant sur sa capacité à gouverner le pays, tandis que ses partisans voient en lui un nouveau visage, vierge des compromissions et des échecs de la classe politique actuelle.

L'acteur, qui n'a pas fait de campagne traditionnelle, préférant les spectacles aux meetings électoraux et les réseaux sociaux aux interviews, a passé les dernières heures de la campagne officielle vendredi à se produire en banlieue de Kiev avec sa troupe.

Infatigable figure de la politique ukrainienne, Mme Timochenko, 58 ans, dont c'est la troisième présidentielle, a quant à elle notamment promis de diviser par deux les prix du gaz pour la population, au risque de fâcher les bailleurs de fonds de l'Ukraine.

Taxée de populisme par ses détracteurs, elle a appelé au cours de son dernier rassemblement vendredi à une "nouvelle stratégie" pour faire sortir la situation de l'impasse dans les régions de l'est aux mains des séparatistes prorusses.

Les trois favoris sont partisans de la poursuite du rapprochement avec les Occidentaux.


Pas de vote en Russie

Pays de 45 millions d'habitants aux portes de l'Union européenne, l'Ukraine est aujourd'hui l'un des Etats les plus pauvres d'Europe. Si elle s'est brouillée avec la Russie et s'est résolument tournée vers l'Occident, elle traverse aujourd'hui la pire crise depuis son indépendance en 1991.

L'arrivée de pro-occidentaux au pouvoir en 2014 a été suivie par l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie et un conflit avec des séparatistes dans l'est, qui a fait plus de 13.000 morts.

Samedi, l'armée ukrainienne a fait état d'un soldat tué dans ces régions, le seizième mort depuis le début de l'année dans des affrontements largement vus en Ukraine comme une "guerre pour l'indépendance" face à des rebelles prorusses soutenus militairement par la Russie, selon Kiev et les Occidentaux.

Plus de 2.300 observateurs internationaux doivent superviser le déroulement du vote.

Sur fond de crise avec Moscou, Kiev a interdit aux observateurs russes de faire partie du dispositif de supervision et a fermé ses bureaux de vote en Russie, une décision inédite qui prive potentiellement de scrutin au moins 2,5 millions de citoyens ukrainiens résidant dans ce pays.

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