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L'Ukraine s'indigne du refus de Moscou de lui donner accès au cinéaste Sentsov

L'Ukraine s'est indignée vendredi du refus des autorités russes de lui donner accès au cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, en grève de la faim depuis un mois et qui purge une peine de 20 ans dans un camp du Grand Nord russe.

La représentante ukrainienne pour les droits de l'Homme Lioudmyla Denissova a déclaré que le directeur du camp de travail où Oleg Sentsov purge sa peine, dans la région de Yamal-Nenets (Grand Nord), lui avait refusé une rencontre avec le cinéaste, alors qu'elle s'est rendue sur place.

"Nous allons insister pour être admis dans un avenir proche auprès de Sentsov, ou avoir la confirmation qu'il va bien", a-t-elle ajouté, citée par l'agence de presse Interfax-Ukraine.

"La Russie fait encore une fois le choix d'agir avec lâcheté. C'était une mission humanitaire, Oleg meurt de faim! Nous protestons et nous continuerons à nous battre", a réagi sur Twitter la porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Mariana Betsa.

Kiev et Moscou se sont mis d'accord pour que la représentante ukrainienne pour les droits de l'Homme soit autorisée à rendre visite aux prisonniers ukrainiens en Russie et que son homologue russe puisse aller voir des détenus russes en Ukraine.

Mais les autorités russes ont estimé vendredi que la visite de Mme Denissova dans le camp d'Oleg Sentsov sortait du cadre de cet accord.

"Denissova est à Yamal en violation de la loi russe et elle demande à être admise auprès d'un citoyen russe", a affirmé à l'agence TASS la défenseuse des droits russe Tatiana Moskalkova, rappelant que le cinéaste ukrainien a aussi la citoyenneté russe.

Tatiana Moskalkova "est chargée de cette affaire", a confirmé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. "En ce qui concerne Sentsov, il ne peut certainement pas être qualifié de prisonnier (politique) car il a été jugé, et pour des faits très graves", a-t-il estimé.

Oleg Sentsov, 41 ans, s'est dit prêt à mourir en prison des suites de la grève de la faim qu'il a entamée pour exiger la libération de "tous les prisonniers politiques" ukrainiens détenus en Russie.

Opposé à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, il a été condamné pour "terrorisme" et "trafic d'armes" à l'issue d'un procès qualifié de "stalinien" par l'ONG Amnesty International et dénoncé par Kiev, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et 35 autres pays ont demandé jeudi au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres d'évoquer auprès du président russe Vladimir Poutine, qu'il doit rencontrer la semaine prochaine, le cas d'Oleg Sentsov.

De nombreuses personnalités, comme l'écrivain américain Stephen King ou l'ex-ministre française de la Justice Christiane Taubira, ont demandé sa libération.

Alors que ce cas pourrait ternir l'image de la Russie pendant la Coupe du Monde, qui a commencé jeudi, le président Vladimir Poutine a évoqué au cours d'une conversation téléphonique avec son homologue ukrainien Petro Porochenko un éventuel "échange de prisonniers" entre les deux pays.

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