Accueil Actu

L'Union européenne et le Bélarus au bord de la rupture

Le ton est brutalement monté mardi entre l'UE et le Bélarus avec le rappel de tous les ambassadeurs en poste à Minsk pour protester contre la décision d'Alexandre Loukachenko d'expulser les représentants de l'UE et de la Pologne après les nouvelles sanctions européennes contre son régime.

Les gouvernements de l'UE ont décidé de manifester ainsi "leur solidarité et leur unité" face au régime d'Alexandre Loukachenko, a expliqué la représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Une réunion d'urgence des représentants de l'UE à Bruxelles a par ailleurs été convoquée en urgence pour "coordonner les actions" et les ambassadeurs du Bélarus seront convoqués par les chancelleries pour s'entendre signifier la réprobation des dirigeants de l'Union européenne.

Le gouvernement Polonais avait dénoncé l'expulsion de son ambassadeur comme "un pas hostile envers toute l'Union européenne" et dit espérer que "toute l'Union européenne répondra à ce pas".

Paris et Berlin avaient peu après annoncé leur décision unilatérale de rappeler leurs ambassadeurs en consultation.

"Je pars du principe que d'autres capitales feront de même. C'est une question de solidarité européenne", avait insisté le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, "indigné" par la décision du Bélarus.

"Avec ses partenaires de l'Union européenne, la France a décidé le rappel en consultation de son ambassadeur à Minsk. Avec ses partenaires européens, la France s'élève contre la décision de la Biélorussie de renvoyer l'ambassadeur de Pologne et le représentant de l'UE à Minsk", a peu après annoncé le ministère français des Affaires étrangères

La coordination européenne a visiblement pris un peu plus de temps. Mme Ashton a en effet publié son communiqué plusieurs heures après les annonces de Paris et Berlin et une protestation du président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, qui a dénoncé un "acte hostile" des autorités bélarusses.

Le président Alexandre Loukachenko entendait manifester son mécontentement après l'adoption d'un nouveau train de sanctions contre son régime.

L'UE a en effet décidé mardi de geler les avoirs et de priver de visa dix-neuf magistrats et deux dirigeants de la police du Bélarus considérés comme responsables de l'arrestation et de la condamnation d'opposants au régime.

La partie bélarusse a annoncé qu'en rétorsion, elle interdisait l'entrée sur son territoire "aux personnes qui ont participé à l'adoption de ces mesures".

Minsk a rappelé pour consultation son représentant permanent auprès de l'Union européenne à Bruxelles et l'ambassadeur du Bélarus en Pologne.

Le chef de la mission de l'UE au Bélarus et l'ambassadeur de Pologne ont pour leur part été invités à "rejoindre leurs capitales pour consultation", pour faire part à leur hiérarchie du "caractère inacceptable pour la partie bélarusse des pressions et sanctions".

Martin Schulz a jugé la réaction du Bélarus "disproportionnée, inutile et contre-productive". Elle "nuit encore davantage aux relations entre le Bélarus et l'Union européenne", a-t-il averti.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) avait fustigé mercredi dernier l'attitude du Bélarus, accusé de "tourner délibérément le dos à l'Europe et à ses valeurs" en réprimant toute contestation du régime.

Le Bélarus est la cible de sanctions occidentales en raison des arrestations d'opposants qui se sont multipliées depuis la réélection d'Alexandre Loukachenko à la présidence en 2010 avec plus de 80% des voix, à l'issue d'un scrutin marqué par d'importantes irrégularités, selon les observateurs.

A ce jour, 229 personnes responsables de la répression de l'opposition après les élections de 2004 et de 2006 --avec les 19 magistrats et policiers sanctionnés mardi-- ont leurs avoirs gelés et sont interdits de visa. Les avoirs de trois sociétés liées au régime sont également gelés et un embargo est en vigueur concernant les ventes d'armes et de matériel pouvant servir à la répression.

À la une

Sélectionné pour vous