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La commissaire de l'UE à la concurrence met en garde contre une réforme des règles de fusions

La Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a mis en garde contre une révision des règles européennes sur les fusions, prônée par Paris et Berlin après l'échec du rapprochement Alstom-Siemens, dans un entretien au Financial Times paru lundi.

Mécontents de l'interdiction par Mme Vestager de la fusion de l'allemand Siemens avec le français Alstom, censée créer un champion européen du rail, Paris et Berlin avaient plaidé il y a deux semaines pour une réforme des règles de la concurrence dans l'UE.

"Nous devons être bien conscients des conséquences", a prévenu la Commissaire danoise, à l'attention du ministre français des Finances, Bruno Le Maire, et de son homologue allemand, Peter Altmaier, à l'unisson pour une réforme.

Simplifier la création de géants européens qui se retrouveraient en situation de quasi monopole sur le marché de l'UE risquerait notamment de facto de limiter la concurrence. De tels géants pourraient édicter des prix élevés, nuisibles aux consommateurs.

Les deux ministres plaident de leur côté pour l'introduction d'un droit de recours du Conseil (qui représente les 28 Etats membres de l'Union) qui permettraient de remettre en cause une décision de la Commission européenne en matière de concurrence.

Ce "pouvoir d'évocation", un mécanisme permettant de contester une décision de l'Autorité nationale de la Concurrence en matière de fusion/acquisition, existe aussi bien en Allemagne qu'en France, mais pas au niveau européen.

Mme Vestager a toutefois convenu que le temps était venu "pour une approche plus nuancée et plus pragmatique" de la politique de concurrence en Europe.

Avec la montée du capitalisme d'Etat chinois et le protectionnisme américain, il est "de plus en plus évident" que l'ouverture des marchés européens était "quelque chose d'asymétrique", a-t-elle ajouté.

Pour faire face à la concurrence des entreprises chinoises, soutenues financièrement par Pékin, Mme Vestager a plaidé pour que l'UE utilise mieux les règles à sa disposition, notamment celles destinées à mieux contrôler les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques.

Dans le cas précis de la fusion Siemens/Alstom, Paris et Berlin avaient à plusieurs reprises agité la menace de la concurrence chinoise, CRRC, société d'Etat, qui serait en embuscade pour tailler des croupières sur le marché européen à l'allemand et au français. Un argument balayé alors par Mme Vestager quand elle avait interdit leur union.

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