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La foudre a-t-elle pu causer l’effondrement du viaduc à Gênes? "C’est peut-être un élément déclencheur, mais pas la cause"

Beaucoup de questions restent encore sans réponse après l’effondrement d’un pont à Gênes, en Italie. Ce mercredi, dans le RTL Info 13h, Pierre Gilles, inspecteur général du département des expertises techniques au service public de Wallonie, donne quelques éclaircissements concernant ce tragique événement.

Olivier Schoonejans : Comment cet effondrement a-t-il pu arriver ?

Pierre Gilles : "A ce stade-ci, on ne sait évidemment pas donner d’hypothèse solide parce qu’il faut comprendre tout le phasage des opérations. Ce qui est clair sur un ouvrage, c’est qu’on peut avoir deux comportements. Il peut être comme une planche. On marche dessus, elle va se laisser aller et ça va craquer avant de marcher dessus. Elle prévient avant de casser. Mais on peut aussi avoir des comportements fragiles, comme de la glace sur un étang, par exemple. On marche dessus, ça va et puis à un moment, on passe au travers. Quand on conçoit un ouvrage, on doit faire attention au fait qu’il n’y ait pas des éléments qui ont un comportement fragile, ou en tout cas, s’il y en a, on doit pouvoir les identifier et les suivre. Parce que ceux-là vont se rompre sans prévenir, un peu comme ce que l’on a observé hier à Gênes."

La construction de ce viaduc est très spécifique...

"On est là dans les années 60. L’ingénieur a conçu cet ouvrage avec quatre haubans. Alors qu’actuellement, on va en mettre toute une série sur chaque côté. Si vous en avez 10, que l’un d’entre eux a un problème et se rompt, les 9 autres vont prendre le relais. Ici, si j’en ai un qui casse, c’est problématique. Autre point particulier, c’est le fait que le tablier n’est pas continu sur toute la longueur de l’ouvrage, mais il y a de petites consoles sur lesquelles vient reposer la suite du tablier. Cette console est également un élément assez fragile qui peut se rompre brutalement sans prévenir, un peu comme les Italiens l’ont malheureusement déjà vécu il y a un an ou deux sur une autoroute."

Le pont a 50 ans. C'est vieux ?

"Non. Les ouvrages d’aujourd’hui, on les construit généralement pour une durée de vie de 100 ans. A l’époque, on était plutôt dans des durées de vie de 60/80 ans. Au terme de cette durée, on doit faire une grosse réhabilitation pour allonger la vie de l’ouvrage. Donc non, 50 ans, ce n’est pas un âge trop important. Par contre, c’est un âge qui correspond à une étape où on va devoir faire de lourds travaux de réhabilitation pour renforcer les éléments qui ont vieilli de par la durabilité déficiente de certains d’entre eux."

Une hypothèse est que la foudre ait frappé le pont. Des témoins ont raconté avoir vu comme un impact, une petite explosion. C'est possible selon vous ?

"Je n’ai pas connaissance d’ouvrage qui se serait effondré à cause de la foudre. Ça me parait relativement étonnant qu’on puisse avoir un effet de la foudre. Tout au plus, peut-être, la foudre pourrait avoir été la petite goutte d’eau qui a fait déborder le vase et l’ouvrage était déjà dans une situation très problématique. Si la foudre tombe éventuellement sur le hauban, peut-être qu’elle aurait pu le fragiliser un peu, ce qui fait qu’il s’effondre. C’est peut-être un élément déclencheur, mais ce n’est certainement pas la cause."

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