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La Haye s'oppose à la rémunération du patron d'Air France-KLM

L'Etat néerlandais a fait part de son mécontentement auprès d'Air France-KLM au sujet d'un "bonus" de 2 millions d'euros d'éléments de rémunération alloué au patron du groupe Ben Smith, a indiqué le ministre néerlandais des Finances.

La démarche de La Haye fait suite à une motion votée par le parlement en avril sommant le ministre des Finances sortant Wopke Hoekstra de demander à Paris le retrait de la rémunération, sous peine de bloquer toute nouvelle aide publique au groupe, durement affecté par la crise du Covid-19.

M. Hoekstra a dit s'être entretenu à ce sujet avec Anne-Marie Couderc, présidente non exécutive d'Air France-KLM.

"Le groupe a été informé à plusieurs reprises que l'État néerlandais ne considère pas justifiable qu'un bonus, sous quelque forme que ce soit, soit octroyé pendant une période où l'entreprise a besoin de milliards d'euros d'aides d'État pour survivre à la crise du coronavirus", a-t-il déclaré lundi dans une lettre au parlement.

M. Hoekstra a prévenu que comme l'année dernière, l'Etat néerlandais votera contre la politique de rémunération 2020 et 2021 du DG d'Air France-KLM lors de l'assemblée générale des actionnaires du 26 mai.

"Pendant une crise, il n'y a pas de place pour l'attribution et le versement de primes aux dirigeants d'entreprises qui ont besoin d'être soutenues par des aides d'État et dont les employés perdent leur emploi", a déclaré le ministre.

Le DG d'Air France-KLM, Ben Smith, s'est vu allouer, sous réserve de conditions, une "rémunération variable long terme" qui atteint 2 millions d'euros pour 2020. Cette disposition avait été votée le 19 mars 2020 en Conseil d'Administration.

La rémunération du patron d'Air France se décompose en trois volets : un salaire fixe, un variable (le bonus) et une rémunération différée qui est donc contestée aux Pays-Bas.

Sur les deux premiers volets, M. Smith avait annoncé le 23 avril 2020 qu'il allait renoncer à son bonus au titre de 2020 dans le contexte de la crise et s'imposer une réduction de 25% de sa rémunération.

Dans un entretien au Figaro, Ben Smith dit trouver cette "polémique (...) regrettable".

"J’ai investi la moitié de mon salaire fixe en achetant des actions du groupe Air France-KLM en 2018 et en 2019 parce que je crois profondément en son avenir (...) Ma rémunération variable à long terme est soumise à de très nombreuses conditions et ne sera de toute façon pas versée avant plusieurs années", plaide-t-il.

"La réalité, c’est qu’en 2021, ma rémunération est variable à 80 % et que je ne toucherai pas un euro au titre de cette rémunération variable", ajoute le directeur général d'Air France-KLM.

Face à la crise sanitaire, qui a fait perdre 7,1 milliards d'euros au groupe en 2020, les Etats français et néerlandais lui ont octroyé plus de 10 milliards d'euros d'aides.

L'Etat français possède 28,6% des parts d'Air France-KLM, l'Etat néerlandais 9,3%.

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