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Législatives lettonnes: le parti prorusse en tête, devant des libéraux pro-occidentaux

Le parti prorusse Harmonie est arrivé en tête des législatives lettonnes samedi avec 19,4% des voix, devant une alliance libérale pro-occidentale FOR/Développement (13,4%), selon un sondage effectué à la sortie des bureaux de vote publié par la télévision publique.

Le chef d'Harmonie, le maire de Riga, Nils Ushakovs, a immédiatement affiché son ambition de réussir, cette fois-ci, à faire entrer son parti au gouvernement. Lors des trois scrutins précédents, Harmonie, qui est très populaire au sein de l'importante minorité russophone, était également arrivé en tête, mais n’avait pu gouverner, tous les autres partis refusant de collaborer avec lui.

La situation actuelle est différente, car l'un des partis populistes montants, KPV, n'a pas exclu de former une coalition avec Harmonie.

"Aucune formule de coalition qui puisse paraître stable et capable (de gouverner) n’est possible sans Harmonie", a déclaré Ushakovs à l’agence LETA, commentant les résultats. "Sinon, vous pourriez avoir une coalition de xénophobes et de partisans des droits des homosexuels, et un tel gouvernement ne tiendrait que deux ou trois semaines".

Il semblait faire allusion à le nouvelle alliance libérale FOR/Développement qui est proeuropéenne, pro-Otan et déclare soutenir les droits des minorités sexuelles.

Le président des Verts et Paysans, Augusts Brigmanis, a déclaré pour sa part que "l'initiative d'engager des pourparlers en vue d'une coalition devait venir du centre droit", selon LETA.

Le nouveau Parlement apparaît fragmenté, avec sept partis sur seize réussissant à franchir le seuil d'éligibilité des 5%.

L'Alliance nationale (droite), membre de la coalition sortante, arrive troisième (12,6%) suivie par deux formationis populistes, le Nouveau parti conservateur (12,4%) et le partenaire potentiel d'Harmonie, KPV LV, avec 11,5%, d'après le sondage réalisé auprès de 6.400 électeurs.

Les Verts et les Paysans (centre droit) du Premier ministre sortant, Maris Kucinskis, suivent avec 9,7%, Nouvelle unité (centre droit) fermant la marche avec 6,9%.

La classe politique va entrer dans une phase de négociations informelles pour former une coalition, phase qui risque de se prolonger jusqu'à début novembre. Le nouveau Parlement ouvrira alors sa première session et le président choisira celle ou celui qui tentera de former un nouveau gouvernement.

Le déroulement du scrutin a été accompagné, mais non perturbé, par une cyberattaque contre le principal réseau social letton Draugiem.lv.

Ses utilisateurs ont vu apparaître sur leurs écrans un message d'apparence pro-Kremlin, en russe: "Camarades Lettons, cela vous concerne. Les frontières de la Russie n'ont pas de limites".

Ce texte rappelle des slogans nationalistes russes, apparus après l'annexion de la Crimée. Le message des hackers s'est poursuivi avec des images de soldats russes en uniforme vert sans signes distinctifs en train d'occuper la Crimée, de chars défilant à Moscou et de Vladimir Poutine souriant en coin.

La crainte d'un rapprochement avec Moscou était sensible chez certains électeurs interrogés par l'AFP dans ce pays balte de 1,9 million d'habitants dont l'histoire est marquée par des relations difficiles avec le grand voisin russe.

"Harmonie s'adjugeant le prochain gouvernement avec les populistes - cette menace est réelle", a assuré à l'AFP Aigars Karklins, devant son bureau de vote à Rezekne, dans l'est du pays. "Je fais mon choix pour la Lituanie membre de l'UE et de l'Otan et j'espère que la plupart d'entre nous le feront. Sinon, cette élection restera dans les mémoires comme un Octobre rouge".

La coalition sortante de centre droit a réussi à redresser l'économie lettonne après la crise de 2009 mais l'électorat, fatigué par les efforts consentis, était à la recherche de nouveaux visages.

La Lettonie, comme la Lituanie et l'Estonie voisines, a obtenu l'indépendance en 1918, après la chute de l'empire des tsars.

Mais les trois pays baltes ont ensuite été occupés par l'Allemagne nazie et, pendant un demi-siècle, par l'Union soviétique.

Harmonie, le parti pro-Kremlin de centre gauche, "promet de réduire les dépenses pour la défense à 1% du PIB", selon l'analyste politique Marcis Bendiks.

"C'est en rupture avec notre entente avec l'Otan", dont la Lettonie est membre depuis 2004, ajoute-t-il.

Le pays, membre de l'Union européenne et de la zone euro, atteint actuellement le seuil de 2% du PIB pour son budget militaire, comme le souhaite l'Alliance atlantique.

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