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La libération d'un violeur fait polémique en Espagne après le scandale de "la meute"

La libération d'un violeur en série qui avait purgé sa peine de 20 ans de prison, malgré la crainte d'une récidive, a suscité l'émoi jeudi en Espagne, une semaine après un jugement contesté contre un groupe d'hommes qui a échappé à l'accusation de viol.

Cet Espagnol de 47 ans, condamné pour 15 agressions sexuelles sous la menace d'un couteau et pour deux tentatives à Barcelone (nord-est) entre 1997 et 1998, était sorti de prison à l'aube, cachant son visage sous une capuche et une écharpe.

Quelque 200 personnes se sont rassemblées dans le quartier barcelonais de la Verneda où l'homme avait résidé. "Les violeurs en prison", "maintenant nous, les femmes, venons te chercher", a scandé la foule.

"C'est un danger pour moi, pour ma famille, pour mes amis", assurait une manifestante Marina Bonache, étudiante de 22 ans, résidant dans le quartier.

L'ancien détenu G.C. a regretté les douleurs causées et assuré aux médias qu'il avait mené à bien sa réhabilitation. "Les programmes contre les gens qui ont commis le même délit que moi sont efficaces si on le veut. Si on ne le veut pas, bien sûr, on reste pareil. Moi j'ai réussi", a-t-il affirmé.

Le détenu a purgé les 20 ans de la peine maximale prévue dans sa condamnation.

Cependant, le parquet a activé un protocole de surveillance spéciale à sa sortie, après avoir reçu un avertissement des services pénitentiaires, concluant qu'il existait un "risque - modéré à élevé - de récidive".

- L'Espagne marquée par la "meute" -

L'Espagne est ultrasensible aux agressions sexuelles depuis que le 26 avril, un tribunal n'a retenu que l'"abus sexuel", et non le viol, à l'encontre de cinq jeunes hommes qui se surnommaient eux-mêmes "la meute", et avaient imposé des relations sexuelles à une jeune femme de 18 ans.

De nombreuses femmes ont participé à une campagne sur les réseaux sociaux consistant à révéler les abus dont elles ont souffert, sous l'étiquette #cuéntalo (raconte-le).

La marche de protestation dans le quartier de la Verneda "ne mène à rien", a cependant assuré Me María José Varela, une avocate des victimes. Pour elle, la manifestation ne devait pas avoir lieu dans le quartier, mais face aux institutions pénitentiaires.

"Ce monsieur a purgé sa peine, nous n'avons rien à dire, tout est correct. Que se passe-t-il, alors ? Il apparaît que bien qu'ayant été en prison, il n'est pas réhabilité. Il y a un problème", a-t-elle insisté.

"Ici en Catalogne, j'ai représenté toutes les victimes de violeurs en série et tous sont sortis avec le même rapport d'absence de réhabilitation", a-t-elle affirmé, soulignant que l'an dernier, l'un d'eux avait récidivé quelques mois après sa libération.

Un cas similaire a marqué la France cette semaine : un homme condamné en 1996 pour "viol avec arme sur mineure de moins de 15 ans" a été arrêté pour avoir violé et tué une adolescente de 13 ans.

L'Espagne, quant à elle, reste sous le coup du jugement de "la meute", rendu le 26 avril par un tribunal de Navarre (nord).

Cinq hommes, âgés de 27 à 29 ans, ont été condamnés chacun à neuf ans de prison mais seulement pour "abus sexuel" aggravé d'"abus de faiblesse" sur une Madrilène de 18 ans rencontrée pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelune (nord).

Les avocats des cinq hommes avaient soutenu que la jeune fille - qui avait bu de la sangria - était consentante puisque qu'elle n'avait jamais semblé dire "non" sur les images de la scène filmée par ses auteurs.

Les juges avaient exclu le "viol" pour lequel le Code pénal espagnol stipule qu'il doit y avoir eu "intimidation" ou "violence".

Ce jugement a suscité une énorme vague de protestations.

Le parquet a annoncé qu'il ferait appel de la décision et le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy s'est prononcé pour une révision du Code pénal afin de mieux définir les agressions sexuelles et les viols.

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