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La Russie célèbre les 75 ans de son "triomphe" à Stalingrad

La Russie a célébré vendredi les 75 ans du "triomphe" soviétique dans la bataille de Stalingrad, tournant majeur de la Seconde guerre mondiale et symbole de la fierté retrouvée et du patriotisme que veut incarner Vladimir Poutine, en campagne pour un quatrième mandat.

Le président russe, arrivé dans l'après-midi à Volgograd, nom actuel de Stalingrad, a salué devant des anciens combattants "la plus grande bataille de la Seconde guerre mondiale, qui s'est soldée par un triomphe de notre armée, de notre peuple".

"C'est ici que notre peuple a su démontrer son caractère inébranlable (...), c'est ici qu'a été ouverte la voie qui a mené à la défaite définitive de l'ennemi", a-t-il souligné.

"Les défenseurs de Stalingrad nous ont laissé un grand héritage: l'amour de la Patrie, la volonté de défendre ses intérêts et son indépendance et la capacité d'être forts face à toutes les épreuves", a encore ajouté le président russe, alors que les tensions entre la Russie et les Occidentaux sont au plus fort depuis la Guerre froide.

L'arrivée du président russe à Volgograd avait été précédée dans la matinée par un défilé militaire.

Emmitouflés contre le froid, des milliers d'habitants, dont de nombreux enfants, ont assisté à la marche de quelque 1.500 soldats en uniformes d'époque et contemporains, de tanks dont le légendaire T-34, l'un des symboles de la victoire contre l'Allemagne nazie, ainsi que de dizaines d'avions militaires.

Commémorer cette victoire, "c'est pour chacun d'entre nous exprimer notre gratitude pour le fait que nous sommes en vie aujourd'hui et que nous avons un avenir", a déclaré à l'AFP Viktoria Rybakova, 31 ans, qui participe vendredi au concert donné pour les anciens combattants à Volgograd.

Considérée comme l'une des plus sanglantes de l'Histoire (1942-1943), avec environ deux millions de morts au total dans les deux camps, cette bataille a changé le cours du conflit en Union soviétique, démoralisée jusque-là par plusieurs défaites cuisantes.

Elle est toujours glorifiée par les Russes comme l'événement qui sauva l'Europe du nazisme.

"Le patriotisme en Russie est devenu pratiquement une idéologie d'Etat", commente l'analyste politique Konstantin Kalatchev.

Alors que les relations entre Moscou et l'Occident sont au plus bas, les autorités russes "ont besoin de symboles" comme la bataille de Stalingrad "pour promouvoir l'image d'un pays qui est capable d'accomplir des exploits et de vaincre tôt ou tard tous les ennemis", a-t-il déclaré à l'AFP.

- 200 jours -

Le 75e anniversaire de cet événement majeur de la Seconde guerre mondiale intervient cette année en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 18 mars.

Vladimir Poutine multiplie les déplacements pour s'afficher quasi quotidiennement avec des ouvriers ou des étudiants.

Il s'est déjà rendu le 18 janvier aux cérémonies commémoratives du 75e anniversaire de la levée du siège de Leningrad, organisées à Saint-Pétersbourg (autrefois Leningrad, nord-ouest) et dans ses environs.

Le blocus de Leningrad, qui dura près de 900 jours en 1941-1943, a fait entre 600.000 et 1,5 million de morts, selon différentes estimations.

A Volgograd, ville d'un million d'habitants sur les rives de la Volga, le président russe a déposé des fleurs sur le Mamaïev Kourgan, colline stratégique théâtre de terribles batailles entre troupes soviétiques et nazies qui accueille aujourd'hui un mémorial et une statue de 85 mètres de haut.

La bataille de Stalingrad, déclenchée en juillet 1942, a duré 200 jours et nuits. La ville, transformée en champs de ruines, a été le théâtre de féroces bombardements aériens allemands et de combats de rue d'une violence inouïe.

Le 2 février 1943, les troupes du maréchal allemand Friedrich Paulus capitulent, encerclées par l'Armée rouge, cette reddition étant la première de l'armée nazie depuis le début de la guerre.

Entièrement reconstruite sur ordre des autorités soviétiques, Stalingrad a été rebaptisée en Volgograd en 1961, huit ans après la mort de Joseph Staline.

Depuis 2013, selon une décision des élus locaux, la ville "se rebaptise" en Stalingrad six fois par an, notamment le 2 février pour l'anniversaire de la victoire de Stalingrad et le 9 mai, date à laquelle la Russie célèbre la victoire sur l'Allemagne nazie.

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