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La tournée des plages de Salvini ralentie par des tensions politiques

Pas de tongs ni de mojito. L'homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini a raté le démarrage d'une tournée des plages qu'il comptait lancer mercredi au sud de Rome pour doper sa cote de popularité, en raison d'un net tangage de la coalition gouvernementale.

Le très populaire chef de la Ligue (extrême droite) devait entamer mercredi à Anzio et Sabaudia, au sud de Rome, un "beach tour" devant l'emmener en août dans sept régions côtières et se terminer en Sicile. Mais il a annulé ses deux premières sorties sur ces plages.

Matteo Salvini a décidé de rester à Rome pour rencontrer le chef du gouvernement Giuseppe Conte, déchaînant les spéculations des médias italiens sur un possible éclatement de la coalition qu'il forme avec le Mouvement Cinq Etoiles (anti système) dirigé par Luigi Di Maio.

Le "capitaine" Salvini a maintenu un meeting en soirée à Sabaudia, petite ville art déco construite sous Benito Mussolini, qui assécha les marais environnants pour créer une station balnéaire.

"Je ne prononcerai pas une seule parole négative sur Di Maio ou Conte", mais "quelque chose s'est brisé dans les derniers mois", a-t-il lancé devant la foule, en chemise et cravate.

"Je ne suis pas fait pour les demi-mesures, ou les choses se font pleinement et rapidement, ou bien ce n'est pas pour moi de rester là à chauffer mon fauteuil", a-t-il prévenu, en excluant néanmoins un remaniement ministériel et sans faire d'annonce spectaculaire.

Il sera de retour lundi à Rome pour "quelques discussions", a seulement précisé Salvini, confiant mal dormir.

La tournée des plages du ministre de l'Intérieur a été décrite par le Huffington Post Italia comme "un tour de force de propagande", voire "une campagne électorale auto-proclamée comme pour déclencher de façon anticipée des élections législatives".

La coalition tangue depuis les élections européennes qui se sont soldées par une victoire de la Ligue et un net affaiblissement des Cinq Etoiles. Ce Mouvement qui avait le vent en poupe l'an passé lors du scrutin qui a porté au pouvoir la coalition avec la Ligue, n'a cessé de perdre du terrain depuis.

Mercredi, le mouvement de Luigi di Maio, l'autre vice-Premier ministre italien, a accusé une défaite embarrassante lorsque le Sénat italien a adopté deux motions de l'opposition de gauche favorables à la construction de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, avec le soutien de La Ligue.

La motion contre le projet franco-italien déposée par le M5S, farouchement opposé à cet ouvrage, a été largement rejetée.

Interrogé lundi sur l'organisation imminente d'élections, Matteo Salvini, dont le parti est crédité de 36 à 38% des voix dans les sondages mais qui vise les 40%, avait répondu: "nous verrons bientôt, peut-être avant septembre".

- "une photo avec lui" -

Sa décision d'annuler les bains de foule de Sabaudia et Anzio a surpris ses supporteurs, habitués à le voir parader torse nu sur les plages ou dans les kermesses de village, et se prêter aux selfies.

"J'aurais aimé une photo avec lui", a regretté au micro de l'AFP Perla Garzia, 12 ans, qui l'attendait mercredi sur la plage d'Anzio en compagnie de sa grand-mère, une inconditionnelle. Mais dans la foule, Gianfranco Cervasi, 72 ans, ne cachait pas sa satisfaction, qualifiant le vice-Premier ministre et son entourage de "gens dangereux".

Il a passé tellement de temps la semaine passée dans la station balnéaire de Milano Marittima (nord), sur l'Adriatique, qu'elle a été baptisée "plage Viminale" du nom du ministère de l'Intérieur. Il y a été filmé pendant le week-end torse nu et cocktail en main, entouré de danseuses en maillots léopard échancrés se trémoussant au son de l'hymne national, ce qui a provoqué l'ire de plusieurs militaires.

Quelques jours auparavant, il faisait les gros titres du journal La Repubblica qui diffusait des images de son fils de 15 ans, Federico, chevauchant un jet ski de la police nationale. Après avoir reconnu avoir "fait une erreur", il avait fustigé le journaliste vidéo en l'accusant d'"aimer filmer les petits garçons".

La gauche n'a pas manqué de comparer Matteo Salvini avec Aldo Moro (ex-Premier ministre italien) qui descendait à la plage en costume cravate.

"Pourquoi donc devrait-il se cacher derrière une chemise et une cravate? Se balader en maillot de bains reflète réellement qui il est. Très concret", l'a défendu mercredi Rosita Polacco, une femme au foyer de 54 ans, affalée dans une transat à Anzio.

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