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Le groupe britannique Metronomy marque son temps

"Pour la première fois, je me suis dit +un jour Metronomy sera oublié+": alors, dans un beau contre-pied, Joseph Mount a accolé "Forever" ("Pour toujours") au nom de son groupe pour baptiser l'album qui sort vendredi, comme il le raconte à l'AFP.

"Mais j'aurais pu l'appeler aussi +Metronomy Infini+ puisqu'il y a 17 titres, c'est long !", rigole le cerveau du groupe anglais, auteur, compositeur et metteur en son. La notion d'"héritage" laissé par les artistes dans le paysage musical l'a taraudé pendant la genèse de ce 6e album studio.

"La brièveté des choses m'est apparue, rien ne dure pour toujours. Mais je me suis dis +tu dois profiter du voyage, peu importe la destination+ même si ça sonne un peu comme une formule pour une compagnie aérienne", sourit encore le barbu ébouriffé de 36 ans.

Le résultat? Un album tout en efficacité, restitué sur scène en mode quintet. Après un court instrumental, la ligne de basse de "Whitsand Bay" happe l'auditeur pour le pousser vers le dancefloor où l'attendent "Insecurity", "Lately" ou encore "Sex Emoji".

Soit une greffe guitares-machines (boucles, beats, synthés, etc) qui fait bouger les corps. Comme une version 2.0 du son de Manchester des années 1980-90, ce fameux "Madchester", jeu de mot sur le vent de folie musicale qui soufflait depuis cette ville du nord de l'Angleterre.

- "Dance-music et guitares" -

"Oui, ce qui est marrant, c'est que quand j'ai rencontré ma copine française, elle était à fond dans +l'indie+ (rock indépendant), elle en savait plus que moi sur les groupes anglais et j'ai découvert qu'en France il y avait cette obsession pour Manchester", acquiesce-t-il.

"Moi j'écoutais plus Nirvana, les Smashing Pumpkins, mais en emménageant en France j'ai pu toucher du doigt ce son +baggy+ (référence aux vêtements amples portés à cette époque), cette idée de faire se rejoindre dance-music et guitares", qui trouve un prolongement dans "Metronomy Forever".

La création de l'album ne s'est pas fait d'une traite. "Après avoir vécu 7-8 ans à Paris, je suis reparti m'installer en Angleterre avec ma copine et nos deux enfants. J'avais écrit à Paris, mais ce n'était pas assez bon, j'en ai effacé une partie et retravaillé dans le Kent (comté au sud-est de Londres), l'album est la juxtaposition des deux".

Tout est sorti du ventre du studio que "Joe" Mount a installé juste à côté de sa maison, dans la campagne anglaise: "Jamais je n'ai eu un studio à moi, c'est incroyable, comme quand on est enfant et qu'on reçoit un train miniature". Ce plaisir gourmand se ressent au-delà de l'électro-pop sucrée du bien nommé "Salted Caramel Ice Cream".

- Et maintenant, il filme ! -

L'architecte de Metronomy se fait plaisir, frappe à la porte de la house-music ("Lying Low") ou charpente un morceau très french touch ("Miracle Rooftop"). L'occasion de rappeler que le groupe a posté sur ses réseaux sociaux un vibrant hommage le jour du décès de Philippe Zdar, moitié de Cassius, formation qui figure aussi dans les remerciements de l'album.

La scène électro française irrigue d'ailleurs "Sex Emoji" puisque "Mr. Oizo" est venu apporter son grain de peps. Quentin Dupieux, de son vrai nom, également réalisateur ("Le Daim" est son dernier rejeton au cinéma) a eu un autre apport, décisif.

"Il avait fait une vidéo sur le précédent album, c'est devenu un ami. Ce qui est ahurissant, c'est qu'il fait ce qu'il ce veut: il faisait des films et s'est dit +pourquoi je devrais payer pour la musique? Je la fais moi-même!+", détaille-t-il à l'AFP.

Conséquence, Joseph Mount a fait le chemin inverse et il est devenu le réalisateur des clips pour l'album. "Je me suis dit, je peux le faire, j'ai vu des réalisateurs travailler et j'ai travaillé avec eux, comme Quentin, Michel Gondry, qui sont ouverts, +relax+. Je ne dirais pas que c'était facile, mais j'étais préparé". Une casquette de plus pour la tête pensante.

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