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Le pape François a-t-il réellement comparé l’homosexualité à une maladie mentale? "Il n’y a, à mon sens, rien de discriminatoire"

Le pape François recommande la psychiatrie pour les enfants chez qui on détecte une orientation homosexuelle. C’est ce qu’il a expliqué hier soir dans l’avion qui le ramenait d’un voyage en Irlande. De leurs côtés, les associations de défense des droits LGBT en France (lesbiennes, gays, bi, trans) ont dénoncé les propos "irresponsables" tenus par le pape François.

"Quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C'est autre chose quand cela se manifeste après vingt ans. Je ne dirais jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité." Voilà la déclaration du pape François hier soir. Ce midi, Tommy Scholtès, porte-parole de la conférence épiscopale de Belgique, était l’invité du RTL Info 13h pour aborder ces propos fortement critiqués.

Olivier Schoonejans :  Le pape s'est-il mal fait comprendre?

Tommy Scholtès : "Je pense que le pape a surtout voulu qu’il y ait un accompagnement qualifié et donc un psychologue ou un psychiatre, quelqu’un qui peut aider, accompagner, faire le point avec des parents, faire le point avec un jeune. La découverte éventuelle d’une homosexualité, ce n’est tout de même pas toujours évident dans la vie de quelqu’un et donc il est bon qu’il y ait un accompagnement. Je pense que le pape n’a voulu dire que ça puisqu’en plus de cela, il parle d’aimer, de respecter, de dialoguer, de ne jamais arrêter et donc il n’y a, à mon sens, rien de discriminatoire. Il y a plutôt une aide à vivre cette situation et à la pacifier."

Est-ce qu'il assimile l’homosexualité à une dérive ou à une maladie psychiatrique, dans la façon dont il explique cela ?

"Non, je ne pense pas. Je pense que c’est vraiment permettre l’accueil, permettre de discuter, de dialoguer, que ce soit en famille ou avec quelqu’un de spécialisé, comme un psychiatre ou un psychologue, pour que les choses ne soient pas trop difficiles à vivre. S’il y a quelque chose qui s’est passé pendant l’adolescence par exemple, de manière purement transitoire comme cela arrive pour beaucoup de jeunes, ça ne veut pas pour autant dire qu’il y a une orientation. Il faut faire le point, il faut simplement aider et accompagner. Je pense que dans tout ce qu’il a dit, il a toujours déclaré : qui suis-je pour juger ? Que ce soit une parole qui soit bien entendue. Et aussi qu’il ne doit pas y avoir un manque de respect ou une discrimination quelconque donc je crois que les personnes qui entendent cela et se sentent un peu agressées peuvent être en paix. C’est comme cela que je l’ai entendu."


"L'homosexualité n'est pas une maladie"

Marie Carlier, psychologue et psychothérapeute cognitivo-comportementaliste, a réagi aux déclarations du pape François au micro de RTL Info. Nos reporters Nicolas Lowyck et Catherine Vanzeveren l’ont rencontrée ce matin. Elle explique que ces propos entretiennent une confusion entre le comportement d’un enfant et son éventuelle homosexualité. "Il faut peut-être rappeler pourquoi on va chez le psychiatre ou chez le psychologue, aussi bien les adultes que les enfants. C’est quand il y a une souffrance, quand l’enfant ou l’adulte ne va pas bien, le manifeste ou peut parfois avoir des problèmes, des comportements dysfonctionnels avérés. Après, l’homosexualité en soi n’est pas une maladie. Il faut déjà voir ce qu’est l’homosexualité chez l’enfant. Jouer aux petites voitures quand on est une fille ou à la poupée quand on est un garçon, est-ce un problème ? Si l’enfant est heureux, il n’y a pas lieu d’aller voir un psychologue ou un psychiatre."

Olivier Schoonejans : Le pape François apparaît comme quelqu'un d’assez progressiste. Ça ne remet pas en question cette position, selon vous ?

Tommy Scholtès : "Non, je ne pense pas. Et comme madame vient de le dire à l’antenne, on peut très bien jouer avec des petites voitures ou des poupées quel que soit l’âge ou le sexe de l’enfant. Cela n’a pas beaucoup d’importance. L’essentiel, c’est que l’enfant soit bien. Et si on peut entrer dans cette dynamique-là, il faut savoir que le pape a répondu à la question d’un journaliste disant : "Que faut-il dire à des parents dans le cas où ?" Dans ce cadre très précis, le pape a ouvert le dialogue, il a ouvert le contexte. Il ne s’agit pas du tout de faire un retour en arrière mais au contraire d’apporter la paix et l’accompagnement pour que les choses se vivent dans la paix."

Il y a eu une vague de critiques et de réactions depuis hier soir. Que doit faire le pape François ? Préciser sa pensée, expliquer ce qu’il voulait dire ou faire une autre déclaration pour clarifier la situation ?

"Je pense qu’il faut regarder l’ensemble des déclarations de quelqu’un. Une conférence de presse dans laquelle il y a 40 minutes de conversation avec le pape et où il y a une question sur ce sujet, il faudrait peut-être y ajouter l’ensemble des déclarations que le pape a déjà faites, que ce soit par écrit ou non. Quand il y a une parole spontanée qui pourrait être nuancée, on demande un nouvel écrit… Je pense que si on ajoute l’ensemble des déclarations faites par le pape sur la question de l’homosexualité, c’est parfaitement respectueux de la personne et il n’est jamais question de normalité ou d’anormalité. Il s’agit de respecter sans aucune discrimination."

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