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Le Sea-Watch accoste à Lampedusa: la jeune capitaine Carola Rackete, qui ose défier Matteo Salvini, est arrêtée

Le Sea-Watch a accosté de force dans la nuit dans le port de Lampedusa, et sa jeune capitaine Carola Rackete a été arrêtée, avant que ne débarquent 40 migrants bloqués à bord depuis 17 jours.

"Nous attendons encore et toujours une solution qui ne se dessine malheureusement pas. C'est pourquoi j'ai maintenant moi-même décidé d'accoster dans le port", a-t-elle déclaré dans une vidéo relayée par Sea-Watch sur les réseaux sociaux.

Mercredi, cette Allemande de 31 ans, aux commandes du navire humanitaire, avait forcé le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite). Mais le navire avait dû s'arrêter à un mille en face du petit port de Lampedusa et restait bloqué là depuis.

Carola Rackete a finalement choisi de forcer le passage au beau milieu de la nuit, malgré la vedette de police chargée de l'en empêcher. "Nous nous sommes mis devant pour l'empêcher d'entrer dans le port mais rien (...). Si on était restés sur le chemin, (le Sea-Watch) aurait détruit la vedette", a commenté devant des caméras un policier qui se trouvait à bord.


"Capitaine hors-la-loi arrêtée, navire pirate séquestré"

Un peu avant 3H00 (1H00 GMT), la police est montée à bord pour arrêter la jeune femme pour résistance ou violence envers un navire de guerre. La capitaine, qui risque jusqu'à 10 ans de prison selon les médias italiens, est descendue du navire encadré par des agents, sans menottes, avant d'être emmenée en voiture.

"Je ne veux pas me substituer au pouvoir judiciaire, qui est responsable de l'application des lois (...). Mais les lois existent, qu'on le veuille ou non", a réagi le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte depuis le G20 d'Osaka, au Japon.

"Mission accomplie", s'est réjoui de son côté le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. "Capitaine hors-la-loi arrêtée, navire pirate séquestré, maxi-amende à l'ONG étrangère", a-t-il twitté en exprimant sa "honte face au silence du gouvernement des Pays-Bas", pays dont le Sea-Watch bat pavillon.

Sur le quai du port de Lampedusa, des habitants et militants étaient venus acclamer l'arrivée du navire, tandis que d'autres ont applaudi l'arrestation aux cris de "Les menottes!", "Honte!", "Va-t'en!"

Si les pêcheurs et les habitants de Lampedusa ont été en première ligne de l'accueil des migrants depuis près de 30 ans, la Ligue de Matteo Salvini a obtenu 45% des voix aux élections européennes de mai sur l'île.

"Nous sommes fiers de notre capitaine", a écrit sur les réseaux sociaux le président de l'ONG allemande, Johannes Bayer. "Elle a exactement fait ce qu'il fallait, elle a insisté sur le droit de la mer et a mis les gens en sécurité".

Le parquet d'Agrigente (Sicile) avait ouvert une enquête jeudi contre Carola Rackete pour aide à l'immigration clandestine et non-respect de l'ordre d'un navire militaire italien de ne pas pénétrer dans les eaux territoriales italiennes.


Lampedusa a vu débarquer plus de 200 migrants

Les migrants ont pu débarquer peu après 5H30 (3H30 GMT), certains tout sourire, d'autres en larmes, alors que le jour se levait, pour être conduits dans le centre d'accueil de l'île.

Malgré la fermeté affichée par M. Salvini, ce centre n'est jamais vide: Lampedusa a vu débarquer plus de 200 migrants pendant les deux semaines où le Sea-Watch est resté bloqué au large de l'île. Et plusieurs embarcations de fortune ont été signalées dans la nuit au large. Juste après, le Sea-Watch, conduit par les garde-côtes, est reparti pour s'ancrer au large.

Les migrants du Sea-Watch avaient été secourus dans les eaux internationales au large de la Libye. Au fur et à mesure, 13 d'entre eux avaient été évacués vers Lampedusa, essentiellement pour des raisons médicales. Pour les 40 restants, c'était encore l'incertitude.

Vendredi après-midi, le ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero, avait annoncé que cinq pays européens (France, Allemagne, Portugal, Luxembourg et Finlande) étaient disposés à les accueillir. La Commission européenne exigeait que les migrants soient à terre avant d'organiser la répartition, tandis que M. Salvini refusait de les laisser descendre avant d'avoir l'assurance qu'ils seront immédiatement transférés aux Pays-Bas, en


La France prête à accueillir 10 migrants

La France est prête à accueillir 10 des 40 migrants qui ont débarqué du Sea-Watch 3, a annoncé le ministère de l'Intérieur français. "La France est prête à déployer une nouvelle fois dans les tous prochains jours, comme elle l'a déjà fait à plusieurs reprises depuis un an, une mission du ministère de l'Intérieur et de l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour identifier 10 personnes en besoin de protection qui pourront être transférées sans délai sur notre territoire", a affirmé la place Beauvau dans un communiqué.

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