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Le terroriste d'extrême droite, une menace "grandissante" au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni, frappé il y a un an par une attaque contre des musulmans à Londres, est confronté à une menace terroriste "grandissante" venue de l'extrême droite et alimentée par la prolifération de discours haineux, qui force les autorités à réagir.

Dans un pays touché par cinq attentats en 2017, ayant fait 36 morts, "la menace la plus importante vient du terrorisme islamiste", a déclaré le ministre de l'Intérieur Sajid Javid début juin. Mais "le terrorisme d'extrême droite constitue aussi une menace grandissante", a-t-il ajouté, en annonçant une nouvelle stratégie anti-terroriste.

Au cours des cinq dernières années, quatre attentats terroristes au Royaume-Uni ont été perpétrés par des "acteurs solitaires motivés à des degrés divers par des idéologies d'extrême droite", indique le rapport gouvernemental dévoilant cette stratégie, baptisée Contest.

Parmi eux, Darren Osborne, un Gallois de 48 ans qui, le 19 juin 2017, avait projeté sa voiture sur un groupe de musulmans près de la mosquée de Finsbury Park, à Londres, tuant un homme et en blessant douze autres. Ce père de famille s'était radicalisé en quelques semaines, développant une obsession pour les musulmans, nourrie de la consultation compulsive de contenus haineux sur internet.

En outre, quatre attaques terroristes d'extrême-droite ont été déjouées depuis 2017, avait révélé en février Mark Rowley, à l'époque chef du contre-terrorisme britannique, qualifiant de "préoccupante" la croissance du terrorisme de droite.

"Il y a une nette augmentation à la fois du rythme des attaques menées par les extrémistes de droite et de la gravité, de la létalité, d'une telle violence", souligne Matthew Henman, chef du centre international d'analyse du terrorisme Jane, à IHS Markit, interrogé par l'AFP.

- Prêcheurs de haine en ligne -

Si, il y a quelques années, l'extrême droite se limitait à de petits groupes anti-immigration aux membres vieillissants, qui présentaient selon les autorités un très faible risque pour la sécurité nationale, de nouveaux groupes ont émergé comme l'organisation néo-nazie National Action, ou les groupuscules Britain First ou Generation Identity et une nouvelle génération d'extrémistes, plus jeunes et connectés, a vu le jour.

Trois des cinq "prêcheurs de haine" les plus suivis dans le monde sont britanniques, cumulant chacun plus d'un million d'abonnés sur différents réseaux sociaux, relève l'organisation anti-racisme Hope Not Hate. Il s'agit de Stephen Lennon, connu sous le nom de Tommy Robinson, fondateur de l'English Defense League, qu'il a quittée en 2013, de Paul Joseph Watson, un jeune Anglais dont les vidéos font des centaines de milliers de vues et de Katie Hopkins, qui avait scandalisé l'opinion en traitant les migrants de "cafards" dans les colonnes du tabloïd The Sun.

Pour Hope Not Hate, "les autorités ne parviennent pas à prendre la mesure et à s'attaquer à cette menace d'extrême droite en ligne croissante et à la haine anti-musulmans en général".

Le Conseil musulman du Royaume-Uni (MCB), organisation représentative des musulmans britanniques, a aussi dénoncé un climat islamophobe, couvant au sein même du Parti conservateur au pouvoir.

De son côté, Matthew Henman estime qu'il y a eu des "signaux encourageants" des autorités qui ont déjoué des complots terroristes et interdit National Action en décembre 2016, quelques mois après l'assassinat de la députée travailliste Jo Cox par un sympathisant néo-nazi. Un acte perpétré peu avant le référendum sur le Brexit qui avait libéré la parole xénophobe au Royaume-Uni.

Mais National Action continue d'œuvrer dans l'ombre. Mardi, un de ses membres présumés, Jack Renshaw, 23 ans, jugé à Londres, a plaidé coupable d'avoir fomenté le projet d'assassiner une députée travailliste.

Pour Matthew Henman, "les politiques s'attaquent aux symptômes de l'extrême-droite et pas à la cause" et, plutôt que de prendre des mesures de rétorsion, devraient développer une "approche plus globale". Il pointe aussi du doigt "des éléments dans les médias de droite et les politiques gouvernementales radicales qui ont contribué à favoriser un environnement dans lequel l'extrémisme de droite peut prendre racine et se propager".

Les autorités promettent vouloir agir en amont, en repérant des jeunes sensibles à cette propagande, et en développant des "discours alternatifs" à ceux des extrémistes, qu'ils viennent de l'islam radical ou de l'extrême droite.

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