Accueil Actu

Liberté de la presse: le PM slovène renvoie Guy Verhofstadt... au passé colonial belge

(Belga) Le Premier ministre slovène Janez Jansa, critiqué par la Commission européenne pour ses attaques contre les médias, a renvoyé l'eurodéputé et ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt au passé colonial de son pays, dans une passe d'armes mardi soir sur Twitter.

Le dirigeant slovène, proche allié du souverainiste hongrois Viktor Orban et soutien de l'ancien président américain Donald Trump, avait publié dimanche sur Twitter une énième attaque contre le journalisme qu'il accuse de diffuser de fausses informations. L'élu libéral a dénoncé cet "assaut continu contre la liberté de la presse" en demandant à la Commission européenne d'agir avant que la Slovénie ne prenne, le 1er juillet prochain, la présidence semestrielle du Conseil de l'UE. Le gouvernement Jansa risque à ses yeux de devenir le troisième "destructeur de portance de l'Union européenne" par sa dérive anti-démocratique, après la Pologne et la Hongrie, a-t-il ajouté. "Du calme, Guy Verhofstadt, vous n'êtes plus le chef d'une puissance coloniale. Et la Slovénie n'est pas non plus le Congo", a répondu le dirigeant slovène. "Alors cessez de traiter (les médias) comme votre domaine souverain. Les droits, les libertés et les valeurs sont inscrits dans les traités européens que votre pays a signés, et les Slovènes les soutiennent car ils servent leurs intérêts, pas les vôtres", a répondu M. Verhofstadt. L'Union européenne hausse le ton contre l'attitude de Janez Jansa vis-à-vis des médias. Mi-février, la Commission avait dénoncé les "propos injurieux" du dirigeant contre une journaliste du média Politico, qui avait évoqué des atteintes à la liberté de la presse en Slovénie. Janez Jansa a en outre été épinglé dans le rapport européen sur l'État de droit en septembre dernier. Ce document soulignait notamment qu'en Slovénie, "les journalistes sont fréquemment victimes de harcèlement ou de menaces en ligne, qui ne sont que rarement sanctionnés par le système de justice". En janvier, la Commission a aussi mis en garde contre toute tentative de "pressions" sur les médias dans ce pays de deux millions d'habitants, après une décision de Ljubljana de suspendre le financement de l'agence de presse nationale STA. Le gouvernement était ensuite revenu sur cette mesure mais, la semaine dernière, il a gelé pour la deuxième fois les fonds, l'agence n'ayant pas rempli selon lui les conditions légales nécessaires au versement. La Slovénie a déclaré en 1991 son indépendance de l'ancienne Yougoslavie communiste, dont elle a été le premier État à rejoindre l'Union européenne et l'Otan en 2004, puis la zone euro dès 2007. Indéboulonnable président du Parti démocratique slovène (SDS) depuis 27 ans, c'est avec un discours hostile aux migrants que Janez Jansa a mené son retour en politique après 2015 et une série d'ennuis judiciaires. Coutumier des attaques contre l'UE, il affirme que beaucoup de médias de son pays font partie de l'héritage communiste. Récemment encore, le Conseil de l'Europe a inclus la Slovénie dans une liste de pays utilisant la pandémie comme prétexte pour limiter la liberté de la presse. (Belga)

À lire aussi

Sélectionné pour vous