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Macron et Merkel mettent le cap sur la réforme européenne

Enfin stabilisée au pouvoir, la chancelière allemande Angela Merkel est venue vendredi à Paris pour préparer avec Emmanuel Macron les réformes "claires et ambitieuses" sur lesquelles ils veulent s'accorder d'ici juin pour relancer une Europe "bousculée".

Les deux dirigeants se sont exprimés chacun à leur tour devant la presse, tous deux insistant sur la nécessité de trouver des solutions aux multiples défis auxquels l'Europe fait face: crise migratoire, progression des formations eurosceptiques dans l'Union, tensions diplomatiques internationales et réformes des institutions européennes.

"S'ouvre aujourd'hui une étape importante, où nous aurons beaucoup à faire sur les décisions de court terme et dessiner des perspectives de moyen et long terme pour notre Europe, plus indispensable encore qu'il y a quelques mois", a déclaré le président français.

"J'ai la volonté d'y arriver et je crois que nous le pouvons", a ajouté la chancelière allemande. "Il est plus nécessaire que jamais que l'Europe agisse de façon unie dans une situation géopolitique dans laquelle le multilatéralisme est sous pression", a ajouté Mme Merkel, dont c'était la première sortie internationale depuis l'installation laborieuse de son gouvernement mercredi au terme de mois de négociations ardues.

Le président français attendait depuis des mois que la situation politique allemande se stabilise pour faire redémarrer le fameux "moteur franco-allemand", si souvent mis à contribution pour faire évoluer les dossiers européens.

"Vous savez combien nous attendons ce travail conjoint", a déclaré M. Macron, avant une réunion de travail entre les deux leaders, suivie d'un dîner.

- Pas toujours au 1er coup -

"Nous ne sommes pas toujours du même avis du premier coup mais la France et l'Allemagne ont déjà accompli beaucoup ensemble", a résumé Mme Merkel.

Le président français a fait plusieurs propositions de réformes institutionnelles pour l'Europe, comme un budget européen ou un ministre des Finances de la zone euro, mais les négociations s'annoncent délicates avec une Angela Merkel soumise à un accord de coalition pour gouverner à Berlin.

"Sur la zone euro, sur la politique migratoire, de défense, commerciale, de recherche, éducative et les grands domaines que avons pu définir, nous proposerons une feuille de route ambitieuse pour cette refondation d'ici juin et y mettrons l'énergie requise", a déclaré M. Macron.

Un sommet européen, qui s'annonce crucial, est prévu les 28 et 29 juin.

D'autant que les autres partenaires ne voient pas nécessairement d'un bon oeil la prise en main franco-allemande des destinées européennes.

"Ca ne veut pas dire que nous, ou d'autres pays de l'UE, trouvons bien tout ce sur quoi les Allemands et les Français se mettent d'accord. On ne va pas juste acquiescer", a d'ores et déjà prévenu vendredi le Premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte.

Pour l'heure, ces dossiers patinent et les dirigeants bruxellois attendent justement l'implication directe des leaders, au premier chef ce moteur franco-allemand.

"Il est nécessaire que les dirigeants de l'UE s'impliquent directement pour avancer", a plaidé vendredi le président du Conseil européen Donald Tusk, après avoir constaté les faibles progrès jusqu'ici réalisés par les ministres des Finances de la zone euro, parlant d'un "consensus limité" avant le sommet européen des 22 et 23 mars.

"Il y a un sentiment d'urgence partagée" des deux côtés du Rhin, analysait avant la rencontre le directeur de l'Institut Jacques Delors, Sébastien Maillard.

Mme Merkel, qui a payé politiquement sa politique migratoire généreuse envers les étrangers, a insisté sur ce dossier, qui a aussi pesé lourd dans les récentes élections italiennes qui ont placé en tête les formations populistes.

"Nous devons absolument obtenir des résultats sur une politique d'asile commune (...) Nous devons protéger nos frontières extérieures", a-t-elle déclaré, alors que ce sujet va certainement peser sur les élections européennes de mai 2019.

Les deux dirigeants ont également réitéré la "solidarité des alliés" avec Londres dans l'affaire de l'empoisonnement d'un ex-espion et de fille en Grande-Bretagne où, selon M. Macron, "tout porte à croire que c'est bien la Russie qui a conduit ces tentatives d'assassinat".

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