Accueil Actu

Madrid assure que le Brexit ne changera pas la vie à Gibraltar

Le ministre espagnol des Affaires étrangères a assuré jeudi que le passage quotidien de milliers de travailleurs frontaliers entre Gibraltar et l'Espagne ne serait pas affecté par le Brexit, malgré la revendication de Madrid sur le territoire britannique.

"Rien ne va changer" après la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, a déclaré le ministre Alfonso Dastis dans un entretien avec l'AFP.

"Si possible, nous prétendons améliorer les choses mais (le Brexit) n'affectera pas cette navette quotidienne. On pourra continuer à vivre dans un lieu et travailler dans l'autre".

"Nous n'avons pas l'intention, a-t-il dit, de rendre la vie difficile aux gens, ni de fermer aucune barrière ni de compliquer la mobilité".

Des milliers d'Espagnols mais aussi de ressortissants d'autres nationalités établis en Espagne passent la frontière tous les jours pour aller travailler dans le petit territoire britannique, essentiellement dans les services financiers et l'industrie des jeux en ligne. Beaucoup de Gibraltariens font le chemin en sens inverse.

L'Espagne revendique sans succès depuis des décennies ce territoire qu'elle avait cédé en 1713 à la couronne britannique.

En 1969, le dictateur Francisco Franco avait fermé la frontière, bouleversant la vie des habitants et de leurs voisins espagnols. Elle n'avait rouvert qu'en 1985, juste avant l'entrée de l'Espagne dans l'Union européenne.

Les relations ont connu des hauts et des bas depuis, le gouvernement espagnol accusant parfois Gibraltar d'être un paradis fiscal ou de tolérer la contrebande de tabac.

Le ministre a réaffirmé qu'il ne voulait pas faire de la revendication espagnole sur "le Rocher" un blocage dans les négociations sur les termes de la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne.

"Nous sommes nous mêmes très intéressés à maintenir les relations, très étroites, que nous avons avec le Royaume Uni et que nous souhaitons améliorer en termes d'échanges humains et en termes d'investissements", a-t-il poursuivi. "Le Royaume Uni est la première destination de nos investisseurs", a-t-il souligné.

M. Dastis s'est par contre dit préoccupé par le flou des positions de Londres dans les négociations.

- Flou des négociateurs britanniques -

"Nous sommes un peu inquiets du manque de clarté de la part du gouvernement britannique qui parait maintenant remettre en cause la période de transition qu'il a lui-même demandée. Nous espérons que la logique finira par l'emporter".

Londres a demandé une période de transition après sa sortie de l'UE, qui lui permettra de bénéficier des droits et lui imposera les devoirs des Etats membres mais sans pouvoir intervenir dans les décisions de l'Union.

Mais l'année dernière, l'Espagne avait obtenu de ses partenaires un droit de véto sur l'application à Gibraltar du futur accord sur les relations entre Londres et les 27.

Une fois conclu l'accord entre l'UE et la Grande Bretagne, "il nous parait logique, a déclaré le ministre, de suspendre l'application de l'accord (UE-Royaume Uni) à Gibraltar à la résolution de petits problèmes irritants" comme la possibilité d'utiliser conjointement le petit aéroport de Gibraltar et les échanges de données fiscales.

L'aéroport a été construit sur une bande de terre reliant le Rocher à l'Espagne qui n'était pas comprise dans la cession de 1713.

L'Espagne soulève régulièrement la question des échanges de données fiscales alors que Gibraltar affirme respecter les accords internationaux en la matière.

Après que les Britanniques ont voté en 2016 pour la sortie de l'Union européenne, l'Espagne a proposé une souveraineté partagée sur le territoire de 6 km2, mais cette solution a été rejetée par Gibraltar qui craint qu'elle ne soit que transitoire et d'être absorbé à terme par l'Espagne.

À lire aussi

Sélectionné pour vous