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Portugal: en plein confinement strict, le président a été réélu

Les Portugais ont comme prévu réélu dimanche leur président, le conservateur modéré Marcelo Rebelo de Sousa, lors d'un scrutin réalisé dans un pays confiné et frappé de plein fouet par le coronavirus, tandis que le candidat populiste a échoué à devancer sa rivale socialiste.

L'actuel chef de l'Etat, un ancien professeur de droit de 72 ans, devenu célèbre en tant que commentateur politique à la télévision, aurait obtenu 55,5 à 62% des voix, selon trois projections diffusées par les médias locaux.

Avec 12,2 à 17,1% des suffrages, l'ex-eurodéputée socialiste Ana Gomes est arrivée en deuxième position, comme le prévoyaient les sondages réalisés avant l'élection, devant le candidat d'extrême droite André Ventura, crédité de 9 à 14,1% des voix.

Les résultats officiels seront communiqués dans la soirée, au fil du dépouillement des bulletins.

Ils devraient donc confirmer que le fondateur parti antisystème "Chega" ("ça suffit") aura manqué son objectif affiché d'arriver deuxième, mais son résultat semble tout de même confirmer la progression de l'extrême droite dans un pays qui, jusqu'ici, faisait figure d'exception au plan international.

Le taux d'abstention se situerait entre 50 et 60%, selon les projections, contre un record de 53,5% établi en 2011, lors de la réélection du prédécesseur de M. Rebelo de Sousa.

Voter sous confinement

Les analystes redoutaient une abstention bien plus importante, pouvant même dépasser les 70%, en raison de l'explosion des cas de coronavirus que connaît actuellement le Portugal, dont les dix millions d'habitants sont soumis depuis une dizaine de jours à un deuxième confinement général.

Selon les données collectées par l'AFP, il s'agit du pays du monde ayant signalé au cours des deux dernières semaines le plus grand nombre de contagions et de décès par Covid-19 en rapport avec sa population, dépassé seulement par l'enclave britannique de Gibraltar.

Après les commerces et les restaurants, le gouvernement s'est résolu à fermer les écoles vendredi. Un nouveau record de décès quotidiens a encore été battu dimanche, portant le bilan total depuis le début de la pandémie à près de 10.500 morts.

Toute la journée, de nombreux électeurs ont dû faire de longues files d'attente devant les bureaux de vote, en se tenant à distance avant de pouvoir y entrer un par un.

"Même si c'est important de venir voter alors qu'on est en confinement, cela n'a aucun sens de sortir de la maison et de se regrouper avec des milliers de personnes", a témoigné à l'AFPTV Luis Araujo, un électeur se rendant dans un bureau de vote installé dans un école de Lisbonne.

Eviter le second tour

En fin de campagne, le candidat sortant avait demandé aux électeurs de se mobiliser pour éviter un second tour et "épargner aux Portugais le prolongement de l'élection pendant trois semaines cruciales" pour freiner l'épidémie.

Au cours de son premier mandat, Marcelo Rebelo de Sousa a cohabité sans accroc majeur avec le gouvernement socialiste minoritaire du Premier ministre Antonio Costa.

Au Portugal, le chef de l'Etat n'a aucun pouvoir exécutif mais joue un rôle d'arbitre en cas de crise politique, et il peut dissoudre le Parlement pour convoquer des élections législatives anticipées.

Le scrutin de dimanche avait pourtant une valeur de test pour André Ventura, qui voulait "écraser la gauche". Ce juriste de 38 ans avait créé la surprise en entrant au Parlement lors des élections législatives de fin 2019, avec 1,3% des voix.

Cet allié de la Française Marine Le Pen et de l'Italien Matteo Salvini n'aura finalement pas fait mieux qu'Ana Gomes, ancienne diplomate et militante anticorruption de 66 ans, qui a fait campagne sans le soutien de son parti ni du Premier ministre, en promettant de faire barrage à la menace d'extrême droite.

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