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Catalogne: manifestation pour "Tabarnia", région fictive fidèle à l'Espagne

Des milliers de Catalans farouchement opposés à l'indépendance ont manifesté dimanche à Barcelone pour revendiquer la création de "Tabarnia", une région fictive imaginée pour combattre les arguments de l'indépendantisme.

Près de 15.000 personnes, selon la police municipale, de 175.000 à 200.000 selon les organisateurs, ont participé à cette manifestation pour revendiquer une nouvelle région située dans les zones les moins indépendantistes de Catalogne.

Dans une marée de drapeaux espagnols et de bannières aux couleurs de la région fictive, les manifestants ont défilé dans le centre de Barcelone jusqu'au siège du gouvernement de la Catalogne, où les indépendantistes ont la majorité absolue en sièges au parlement.

"Nous sommes ici parce que nous en avons marre, marre du processus indépendantiste et qu'une minorité nous conduise au précipice", disait Mari Carmen Guerrero, agent administratif de 33 ans, drapeau de "Tabarnia" autour du cou.

Cette initiative s'était popularisée peu après les élections régionales du 21 décembre remportées par les indépendantistes (47,5% des voix). Elle avait été saluée par les partis politiques anti-indépendantistes, comme la formation libérale Ciudadanos - qui avait recueilli le plus grand nombre de votes dans la région - ou le Parti populaire (PP) du chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy.

Le président du groupe municipal PP à la mairie de Barcelone, Alberto Fernandez Diaz, participait à la manifestation, selon son compte Twitter.

Etait également présent le secrétaire général du parti ultraconservateur Vox, l'avocat Javier Ortega Smith, avec le slogan: "la plaisanterie est terminée: +vive la Tabernia libre, vive l'Espagne+", selon les vidéos postées sur le compte Twitter de la formation d'extrême droite.

Les idéologues de "Tabarnia" détournent l'argumentaire des partis indépendantistes, en prétendant réclamer la séparation des aires métropolitaines de Tarragone et Barcelone, où une minorité d'électeurs votent pour la sécession.

En janvier, ils avaient investi le dramaturge et satiriste catalan Albert Boadella comme "président en exil de Tarbania": une référence ironique à l'ancien président catalan Carles Puigdemont, poursuivi pour "rébellion" et "sédition" en Espagne, qui voulait gouverner la région depuis la Belgique.

Albert Boadella, proche de fondateurs de Ciudadanos, n'était pas présent à la manifestation. Mais des participants portaient des masques à son effigie et criaient "Puigdemont en prison" ou "Vive la Tabarnia libre".

"C'est une blague pour que les indépendantistes se rendent compte que leur argumentaire est ridicule et tout le processus absurde", a dit à l'AFP José Luis Cortés, un ancien agent commercial de 72 ans. "Mais s'ils vont de l'avant, peut-être que ça cessera d'être une blague, disait ce manifestant, car "s'ils veulent quitter l'Espagne et l'Europe, qu'ils le fassent, mais nous, nous resterons".

Les promoteurs de Tabarnia - qui ont imaginé un drapeau, un hymne, des armoiries et même une monnaie - affirment qu'ils pourraient même chercher sa reconnaissance légale comme région séparée de la Catalogne.

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