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Manipulateur et mythomane, il avait tué 5 membres de sa famille: qui est ce "faux docteur" qui demande sa libération?

La justice examine ce mardi dans l'Indre la première demande de liberté conditionnelle de Jean-Claude Romand, condamné à la perpétuité pour le meurtre de sa famille en 1993, une affaire hors normes qui a inspiré cinéma et littérature.

La décision ne devrait pas être connue mardi, mais mise en délibéré.

Jean-Claude Romand, surnommé le "docteur Romand" parce qu'il était parvenu pendant plus de 15 ans à mentir à son entourage, en se faisant passer pour un médecin de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d'assassiner cinq membres de sa famille, a été condamné à la perpétuité en 1996.

Ayant purgé sa peine de sûreté de 22 ans, il est théoriquement libérable depuis 2015.


Un "mythomane" atteint "d'une pathologie narcissique"

Sa demande doit être examinée à la maison centrale de Saint-Maur (Indre) où il est incarcéré, lors d'une audience en présence de Romand, de son avocat, d'un représentant du parquet et d'une juge d'application des peines. 

Jean-Claude Romand, 64 ans, sera assisté par Me Jean-Louis Abad, qui l'avait défendu à son procès à Bourg-en-Bresse aux assises de l'Ain en 1996.

Décrit à son procès par les psychiatres comme un "mythomane" atteint "d'une pathologie narcissique", le faux médecin de l'OMS, qui vivait en escroquant des proches (dont son père) qui lui avaient confié leurs économies pour, disait-il, les placer en Suisse, avait été condamné pour cinq meurtres prémédités.


Il rate son suicide

Alors que la vérité menace d'éclater, le 9 janvier 1993, Romand tue de sang froid sa femme, sa fille de sept ans et son fils de cinq ans à Prévessin-Moëns (Ain), puis ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura). Il rentre chez lui, met le feu à sa maison, avale des barbituriques, et rate son suicide.

Sollicité par l'AFP, son avocat a choisi d'observer une "ligne de conduite" stricte, en refusant de communiquer pour protéger son client.

Cette demande de libération a fait l'objet d'un long travail de préparation, affirme une source proche du dossier. Et le comportement de Romand à Saint-Maur joue en sa faveur. C'est un détenu qui "ne pose aucun problème, tout à fait gérable" et qui n'a "pas de passé disciplinaire", avait indiqué l'Administration pénitentiaire à l'AFP début septembre.


Un détenu "calme, posé, assez solitaire"

Mais comme pour n'importe quel détenu, "la question numéro un est: est-ce qu'il peut être un danger pour la société s'il sort, et est-ce qu'il a compris le sens de sa peine?", avait souligné l'Administration.

Une source qui a longtemps côtoyé Romand à Saint-Maur se souvient d'un détenu "calme", "très posé", "assez solitaire", "toujours très poli".

A Saint-Maur, Romand avait accepté un travail en prison. Il se rendait à des ateliers où son travail consistait à monter et restaurer des bandes sonores d'archives.

Mais sa personnalité appelle la vigilance: "Il a pu cacher son histoire toutes ces années, il n'est pas impossible que pour sa demande, il monte un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu'il est", commente cette source.

Jean-Claude Romand a inspiré la littérature, le cinéma et la télévision. "L'adversaire", de l'écrivain Emmanuel Carrère (2000), a été adapté pour le théâtre en 2016 et au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, avec Daniel Auteuil.

Laurent Cantet a lui aussi tiré un long-métrage tiré cette histoire, intitulé "L'emploi du temps" (2001).

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