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Matera, cité troglodyte, au firmament de la Culture européenne

Capitale européenne de la Culture en 2019, la ville italienne de Matera donne samedi le coup d'envoi d'une année de festivités pour attirer les visiteurs du monde entier dans cette singulière cité troglodyte, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Expositions, concerts, spectacles vivants, parcours culturels ou rencontres avec les habitants... Des centaines d'événements, qui s'étaleront sur 48 semaines, ont été prévus dans un programme élaboré depuis 2014, année de la désignation de Matera comme Capitale européenne de la Culture 2019, titre qu'elle partage avec Plovdiv, en Bulgarie.

Des festivités qui démarrent ce samedi par une grande journée inaugurale à laquelle participeront 54 fanfares, en provenance des capitales européennes de la Culture et des communes de la Basilicate, région dont Matera est l'un des chefs-lieux.

Les musiciens déambuleront dans les ruelles de la cité multimillénaire pour converger, en soirée, vers le centre historique où sera donné un grand concert associant 2.019 musiciens en présence du président de la République, Sergio Mattarella, du chef du gouvernement, Giuseppe Conte, et du commissaire européen à la Culture, le Hongrois Tibor Navracsics.

L'événement sera retransmis en direct à partir de 19H00 (18H00 GMT) en Eurovision par la première chaîne de télévision Rai 1.

Quatre grandes expositions jalonneront l'année, dont la première, "Ars Excavandi", qui s'ouvrira dimanche et durera jusqu'au 31 juillet, sera consacrée aux civilisations rupestres à travers les siècles.

A ces événements majeurs s'ajouteront une soixantaine de projets originaux, plus d'un par semaine, élaborés par des créateurs locaux en collaboration avec des partenaires de toute l'Europe.

Parmi les nombreux invités de l'année, le compositeur britannique Brian Eno, qui présentera le 18 juillet en avant-première mondiale son nouveau spectacle, "Apollo soundtrack", consacré au cinquantenaire des premiers pas de l'homme sur la Lune.

"Nous voulons que la personne qui décide de venir à Matera vive une expérience", explique Paolo Verri, directeur artistique de Matera-2019.

"Personne à Matera ne sera un simple touriste, mais il aura la possibilité de s'insérer dans la dimension communautaire qui caractérise Matera 2019", a ajouté celui qui fut longtemps responsable de la prestigieuse Foire du livre de Turin.

- "Jérusalem de l'Ouest" -

Les "citoyens temporaires" de Matera devront payer 19 euros pour un passeport valable un an qui leur permettra d'assister à tous les événements.

Ils sont aussi invités à s'inspirer de l'atmosphère mystique du lieu pour écrire des textes, créer des objets, des sculptures, inventer des sons, des installations, qui deviendront à leur tour une exposition, celle qui achèvera l'année Matera-2019.

Un million de visiteurs sont attendus par les organisateurs dans cette localité méridionale de 60.000 habitants qui a déjà vu le nombre de touristes croître de 170% entre 2010 et 2017. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1993, ce qui a contribué à accroître sa notoriété.

La cité au passé douloureux, qualifiée dans les années 1950 de "honte nationale" en raison de son extrême pauvreté, a aujourd'hui retrouvé sa dignité en sauvant ses palais baroques et ses églises rupestres.

Et ses grottes millénaires, autrefois symbole d'un sud miséreux, sont aujourd'hui devenues de coquettes boutiques ou des hôtels de luxe.

Surnommée la "Jérusalem de l'Ouest" pour ses maisons troglodytiques en pierre creusées à flanc de ravin (les "sassi"), Matera est considérée comme la troisième ville la plus ancienne du monde après Alep (Syrie) et Jéricho (Cisjordanie).

Le cinéma a aussi fait appel à elle pour recréer le décor imaginaire de l'antiquité chrétienne dans "L'Evangile selon Saint Matthieu" (1965) de Pier Paolo Pasolini ou "La Passion du Christ" (2004) de Mel Gibson.

"C'est vrai, nous sommes passés de la honte à la gloire", confie son maire, Raffaello De Ruggieri, qui cherche maintenant à éviter les effets d'un tourisme de masse: "Matera n'a pas besoin d'un tourisme errant inconscient des lieux, de l'histoire et des traditions de notre ville".

 

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