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MAXI coup de filet anti-mafia en Italie et en Allemagne: 169 arrestations, dont des élus locaux

Les carabiniers italiens ont annoncé mardi un vaste coup de filet contre la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, avec une centaine d'arrestations en Italie et en Allemagne et des biens d'une valeur de 50 millions d'euros placés sous séquestre.

Les autorités italiennes et Eurojust ont annoncé mardi un vaste coup de filet avec 160 arrestations contre une branche de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, qui avait un quasi monopole sur plusieurs activités, de la boulangerie au traitement des déchets, dans le sud de l'Italie et même en Allemagne.


50 millions d'euros

L'enquête porte sur 169 personnes dans toute l'Italie et en Allemagne, parmi lesquelles des gérants d'entreprise et des élus locaux mais aussi des mafieux qui se trouvaient déjà derrière les verrous. Et les autorités ont placé sous séquestre des biens d'une valeur de 50 millions d'euros. Selon les enquêteurs, coordonnés par la direction antimafia de Catanzaro, le réseau avait créé une "holding" criminelle tenant d'une main de fer la région de Ciro, dans la pointe sud de l'Italie.

Le groupe était dirigé depuis sa cellule par Giuseppe Farao, un boss de 70 ans déjà condamné à la réclusion à perpétuité mais qui continuait à transmettre ses directives à ses fils, petits-fils et associés. Le mot d'ordre était de chercher en permanence les secteurs les plus rémunérateurs, "en limitant au maximum le recours aux actions violentes et en évitant les luttes internes préjudiciables aux affaires", selon un communiqué des carabiniers italiens.

Ainsi, le réseau s'était lancé dans la boulangerie et avait obtenu, par un mélange de pressions et de menaces, que les commerçants locaux ne vendent que ses produits et que les concurrents plient bagage. Puis le groupe a appliqué le même modèle dans les services funéraires ou la blanchisserie industrielle pour les hôtels et restaurants.


Jusqu'à l'accueil des migrants

Avec la complicité d'élus locaux et d'administrateurs publics, le groupe s'est occupé de traitement des déchets, de services portuaires, de l'exploitation du bois dans les zones forestières et d'accueil des migrants. Ce dernier secteur s'est particulièrement développé ces dernières années en Italie, avec des appels d'offres pour multiplier les centres d'accueil: l'Etat verse 35 euros par jour et par personne, mais les contrôles sont rares et certains en profitent pour limiter les services, y compris les repas, afin d'augmenter les bénéfices.

Pour le clan Farao, les profits étaient ensuite réinvestis dans la région de Naples, en Toscane, dans le nord de l'Italie et même en Allemagne. La police allemande a annoncé avoir arrêté dans le cadre de ce coup de filet 11 suspects âgés de 36 à 61 ans, tous soupçonnés de chantage et de blanchiment d'argent.

Selon les autorités italiennes, le clan avait des cellules à Francfort, Wiesbaden, Munich et Stuttgart, où il s'était octroyé, par des méthodes mafieuses, le monopole des fournitures de vins, de fromages, d'huile et de sauces pour la pizza, en particulier auprès des restaurants calabrais du pays.

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