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Meghan et Wallis: deux Américaines divorcées, deux destins aux antipodes

L'entrée de Meghan Markle dans la famille royale britannique est aux antipodes de l'accueil réservé à une autre Américaine divorcée, Wallis Simpson, dont la simple évocation provoque encore des frissons au palais de Buckingham.

Signe que les temps ont bien changé en 80 ans, là où le statut de divorcée de Wallis Simpson a fait trembler la monarchie britannique, Meghan Markle est perçue comme faisant souffler un vent de modernité sur l'institution multicentenaire.

En 1936, quelques mois à peine après avoir accédé au trône, Edouard VIII avait été contraint d'abdiquer pour pouvoir épouser Wallis, un séisme qui a déstabilisé le Royaume-Uni à l'orée de la Seconde Guerre mondiale.

L'ombre de ce drame devrait flotter sur le mariage du prince Harry et Meghan Markle, le 19 mai à la chapelle St George du château de Windsor, où avaient eu lieu les obsèques de Wallis Simpson en 1986.

La duchesse de Windsor est enterrée à une dizaine de minutes de là, aux côtés de son époux -mort en 1972-, dans le cimetière royal du manoir de Frogmore, où se déroulera la soirée de réception de Meghan et Harry.

"Ecoutez très attentivement le chant des choeurs au moment où Meghan et Harry descendront l'allée centrale", dit le chroniqueur royal Andrew Morton, qui prédit que l'on pourra entendre le roi Edouard "se retourner dans sa tombe".

Car pour avoir voulu épouser une Américaine divorcée, il a dû renoncer au trône, quand aujourd'hui une Américaine divorcée est accueillie à bras ouverts, ajoute cet auteur de biographies de Meghan et de Wallis.

- Égoïsme contre devoir -

Mais la comparaison s'arrête là, Andrew Morton soulignant les origines très différentes de la jeune actrice métisse native de Los Angeles et de la mondaine deux fois divorcée qui a grandi à Baltimore.

"La famille de Wallis possédait des esclaves alors que dans celle de Meghan, on était esclave", dit-il à l'AFP, en référence aux ancêtres de la mère de la future mariée.

Selon lui, Meghan Markle, 36 ans, a pour elle ses nombreuses expériences dans le domaine caritatif, notamment au service des Nations unies.

"Elle aurait pu être diplomate, politicienne, avocate", ajoute-t-il, estimant qu'elle "est certainement prête pour la famille royale, elle a fait ses preuves".

Wallis, elle, était considérée comme politiquement, religieusement, socialement et moralement indigne de devenir reine.

Si Edouard s'était entêté à vouloir rester roi avec elle à ses côtés, contre l'avis du Premier ministre de l'époque, Stanley Baldwin, le gouvernement aurait dû démissionner, entraînant une crise constitutionnelle. Mais il a renoncé et le couple s'est finalement marié au château de Candé, près de Tours (France) en 1937.

Ils passèrent leurs années d'exil en grande partie à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, vivant principalement aux crochets de riches amis et de la France. La glace ne sera jamais totalement rompue avec la famille royale malgré quelques rares participations à des événements officiels.

Pour avoir voulu placer son intérêt personnel avant celui de son pays, Edouard a laissé une image d'égoïsme que son frère et successeur George VI a eu à coeur de gommer, en adoptant l'attitude totalement inverse: le devoir avant tout. Une voie poursuivie par sa fille, Elizabeth II qui, à 92 ans, considère l'abdication comme un blasphème.

- Moins snob -

Les histoires de Meghan et de Wallis illustrent les changements intervenus dans la dynastie Windsor comme dans la société britannique, aujourd'hui multi-raciale et moins empreinte de morale anglicane.

Quatre mariage sur dix s'y terminent en divorce et trois des quatre enfants d'Elizabeth II ont eux-mêmes divorcé. Le père de Harry et héritier du trône, le prince Charles, s'est remarié en 2005 avec une femme elle aussi divorcée.

Quant à l'aristocratie britannique, elle porte un regard moins snob sur les mariages avec des Américains ou des roturiers.

Alors que la nationalité de Wallis a joué en sa défaveur, pour le commentateur royal Richard Fitzwilliams, le mariage de Harry et Meghan est perçu comme "la manifestation ultime de la +relation spéciale+ entre le Royaume-Uni et les États-Unis".

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