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Menaces de mort, agressions d’élus politiques: l’Allemagne veut lutter contre le risque terroriste d’extrême-droite

L'Allemagne, face au risque terroriste d'extrême droite, va durcir son arsenal contre les menaces sur internet et tenter de mieux protéger son personnel politique. Le gouvernement d'Angela Merkel doit adopter mercredi en Conseil des ministres ces nouvelles mesures, dans un contexte de menace extrémiste accrue, à l'image des attaques contre des mosquées que projetait un groupe démantelé vendredi. "Ceux qui menacent sur le net seront poursuivis plus sévèrement et plus efficacement à l'avenir" , promet la ministre social-démocrate de la Justice, Christine Lambrecht, sur le site de son ministère. Le gouvernement souhaite notamment renforcer la loi qui oblige les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter à supprimer les contenus délictueux. Passages à l'acte Ils devront à l'avenir également signaler ces contenus à l'Office fédéral de police criminelle, qui transmettra ensuite les données aux parquets compétents. Cette nouvelle disposition concernera la propagande néo-nazie, la préparation d'un acte terroriste, mais aussi l'apologie de crimes, les menaces de meurtre et de viol et la diffusion de graves abus sexuels sur des enfants. "Les crimes de haine finiront donc par se retrouver là où ils devraient être: devant un tribunal" , prévient la ministre, qui porte ce projet de loi avec son collègue de l'Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer. Le gouvernement souhaite en outre aggraver les peines encourues, jusqu'à trois ans de prison, en cas de menace de mort ou de viol proférée sur ces réseaux. Les plateformes qui ne respectent pas ces nouvelles obligations s'exposeraient à des amendes pouvant aller jusqu'à 50 millions d'euros. Insultes et diffamations ne sont en revanche pas concernées. Dans les cas les plus graves, réseaux sociaux et hébergeurs devraient être obligés de communiquer les mots de passe des utilisateurs. De même, des données cryptées pourraient être transmises à la police en cas de suspicion concrète d'homicide, de maltraitance d'enfants ou de terrorisme. "Les extrémistes ne se radicalisent pas à partir de rien" , souligne la ministre de la Justice, convaincue que "les menaces sur internet abaissent les seuils d'inhibition" et facilitent les passages à l'acte. Cet aspect devrait susciter des débats tendus au parlement dans un pays partagé entre l'attachement à l'anonymat en ligne et des velléités locales de rendre obligatoire l'identification lors de l'inscription sur les plateformes en ligne. Dans un contexte de hausse des agressions antisémites, dont un attentat manqué en octobre contre la synagogue de Halle, le texte prévoit aussi que la haine anti-juive devienne une circonstance aggravante d'un crime ou délit. Protection policière Un autre volet du texte concerne la protection des personnalités. Menaces de mort, agressions physiques ou verbales : l'inquiétude monte en Allemagne face à la multiplication des violences contre des élus. La découverte mi-janvier d'impacts de balle dans la vitrine de la permanence du député noir d'origine sénégalaise Karamba Diaby, élu en ex-RDA, a ainsi mis le monde politique en émoi. Toute la classe politique avait exprimé sa solidarité alors que l'Allemagne reste sous le choc du meurtre en juin d'un haut fonctionnaire territorial très engagé dans l'accueil des réfugiés, Walter Lübcke. Le principal suspect, en détention provisoire, est un néonazi déjà condamné pour des violences racistes. Le texte présenté mercredi prévoit donc que les autorités puissent plus facilement protéger les données personnelles, en particulier les informations disponibles sur le registre d'état civil, des personnalités politiques, de militants ou de journalistes. Les personnes dont les coordonnées sont protégées devraient en outre à l'avenir être averties si des renseignements les concernant sont sollicités par un tiers. L'an dernier, la police a recensé 1.241 délits à motivation politique contre des élus de tous bords. Certains élus, en particulier ceux d'origine étrangère, doivent recourir à une protection policière. Lassés ou apeurés, certains responsables locaux préfèrent même jeter l'éponge et renoncent à se représenter devant les électeurs.

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