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Mondial de rugby: hors terrain aussi, l'Angleterre maîtrise et la France tâtonne

Leadership clair, management individualisé et communication maîtrisée: le XV d'Angleterre semble être un produit fini aussi en dehors du terrain, comparé au XV de France où remises en question et couacs abondent, avant les retrouvailles entre les deux nations samedi en Coupe du monde.

. Eddie Jones à la carte

Monarque absolu de l'Angleterre, le sélectionneur Eddie Jones excelle dans la gestion individualisée de ses ouailles. "Eddie a perçu assez vite quel joueur répondait à quel type de management", estime Alex Lowe, qui suit le XV de la Rose pour le Times. "Si vous dites à Billy Vunipola: +tu peux être le meilleur au monde+, alors il va commencer à y réfléchir... d'autres ont besoin d'un coup de pied au postérieur. Il comprend comment traiter chacun de la manière qui convient le mieux au joueur."

Côté français, l'ouvreur Camille Lopez a assez peu goûté le management "individualisé" qui l'a fait rentrer en jeu à l'ultime minute du match contre l'Italie en mars, quittant la pelouse sans effectuer le tour d'honneur. C'était après la débâcle en Angleterre (44-8) où l'ouvreur de Clermont, comme son partenaire de charnière Morgan Parra, avait implicitement critiqué le travail du staff...

Un staff élargi cet été avec les arrivées de Fabien Galthié - réputé dur humainement - et Laurent Labit - au contraire proche de ses joueurs. Avec 7 entraîneurs, qui s'occupe de qui? Les joueurs ont affirmé à tour de rôle s'y retrouver, et apprécier d'avoir plus de regards experts braqués sur eux à l'entraînement.

. L'Angleterre verticale, la France participative

Le statut du capitaine français Guilhem Guirado (33 ans) a été remis en question lors du dernier Tournoi des six nations et le débat a ressurgi au Japon, vu le temps de jeu limité accordé au talonneur. Le sélectionneur français Jacques Brunel l'a plusieurs fois conforté dans ce rôle... mais il avait bien décidé de faire de Morgan Parra et Mathieu Bastareaud ses lieutenants avant de s'en séparer sans un merci en juin.

Après le naufrage de Twickenham (défaite 44-8), les Français ont mis en place un conseil des sages (Fickou, Picamoles, Huget, Poirot ainsi que... Bastareaud et Parra) pour épauler Guirado et améliorer la communication interne. Pas besoin de cela à Bagshot, le Marcoussis anglais, où Jones, qui veut tout contrôler, sait aussi responsabiliser ses cadres et inciter au leadership. Les deux ouvreurs, George Ford et Owen Farrell, "sont comme des mini-coaches pendant les stages, important idées et combinaisons d'attaque", relate Lowe.

Plus jeunes, les demis français Romain Ntamack (20 ans, 11 sélections) et Antoine Dupont (22 ans, 19), sont eux épaulés par la vieille garde dans les concertations avec le staff. "Les coaches et les joueurs" décident, souligne ainsi Maxime Médard (32 ans), l'un des tauliers d'un groupe largement rajeuni. Le groupe anglais n'est pourtant pas plus vieux (26 ans de moyenne aussi) mais nettement plus expérimenté avec presque 10 sélections de plus en moyenne par tête!

. Eddie, roi de l'enfumage

Billy Vunipola blessé à une cheville samedi contre l'Argentine? "Il a glissé sur un morceau de boeuf de Kobe", lance Jones, qui n'a pas son égal pour écarter une question gênante d'une pirouette. Une tactique de diversion mais aussi un moyen de "vendre" son sport pour l'Australien, confronté dans son pays natal à la concurrence du rugby à XIII et du football australien.

"Il vient avec une idée de ce qu'il va dire, de ce qui fait l'agenda, et de ce qui va intéresser les gens", estime Nik Simon, reporter au Daily Mail. "Et il le fait bien." Son vis-à-vis Jacques Brunel a évolué depuis que le président Bernard Laporte l'a appelé fin 2017 pour remplacer Guy Novès, limogé pour mauvais résultats: ouvert à ses débuts, il s'est fermé au fur et à mesure que les défaites s'amoncelaient.

Depuis que Laporte lui a adjoint Galthié, son successeur après le Mondial, pour faire progresser le jeu français, les adjoints se font très rares devant la presse, mais pas les fuites sur les compositions d'équipe ou d'autres couacs, comme la convocation du pilier Atonio annoncée sur Twitter à la place de celle de Gomes Sa.

Jones envoie lui volontiers ses adjoints aux points presse où ces derniers récitent un discours sans fausse note. Les journalistes anglais n'essayent même plus de devancer l'annonce de la compo, verrouillée par Jones.

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