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Mondial de rugby: l'Angleterre de retour dans le Grand Huit

Quatre ans après une élimination sans gloire de "son" Mondial, l'Angleterre est de retour en quarts de finale de la Coupe du monde, grâce à son succès sur l'Argentine (39-10) samedi à Tokyo.

Le succès est large, mais le XV de la Rose n'a pas été éblouissant face aux Pumas, vite réduits à 14 et désormais au bord de l'élimination.

. Six essais mais...

Trois matches, trois victoires bonifiées: l'Angleterre d'Eddie Jones, candidat au titre mondial, est à l'heure au rendez-vous, premier qualifié pour les quarts de finale. Le XV de la Rose a certes inscrit six essais, mais comme face aux Tonga (35-3), il a rarement été impressionnant dans le jeu, montrant des signes de fébrilité à l'image du capitaine et buteur Owen Farrell face aux poteaux (0/4 en première période).

C'est finalement cela qui est le plus inquiétant pour ses adversaires. Même pas très inspirée et en lâchant des points, l'Angleterre possède un collectif au-dessus du lot et des individualités capables de faire la différence à chaque instant, comme l'arrière Elliot Daly sur le deuxième essai (35e).

L'Angleterre peut désormais envisager sereinement son rendez-vous contre la France, samedi prochain sans bouger de Tokyo (Yokohama), comme un dernier réglage avant un probable quart contre l'Australie ou le Pays de Galles. "Nous voulons nous améliorer à chaque match", a prévenu Jones, affirmant ne pas vouloir ménager ses cadres face aux Bleus.

Les Pumas, demi-finalistes en 2015, ne sont eux plus maîtres de leur destin: la France peut prendre le deuxième billet dès dimanche en cas de victoire - a minima un match nul ou défaite avec double bonus - face aux Tonga. Le sélectionneur Mario Ledesma a donc acté une élimination quasi certaine, se tournant vers l'avenir: "ce Mondial n'est qu'un commencement."

. Un rouge qui change tout

Son équipe a pourtant vendu chèrement sa peau et a même dominé les dix premières minutes, quand Jonny May a été forcé d'aplatir dans son en-but sous la pression de Matias Moroni, magnifiquement servi au pied par Benjamin Urdapilleta (3e).

Mais que pouvaient faire les Argentins face à la machine anglaise, même mal huilée, avec un joueur en moins? Le carton rouge infligé à Tomas Lavanini pour un placage haut sur Owen Farrell (18e) ne leur a laissé aucune chance. Eddie Jones avait appelé ses joueurs à contrôler leurs émotions; les Argentins, au bord des larmes pendant les hymnes, sont tombés dans le piège. Quelques minutes avant Lavanini, joueur le plus sanctionné (7e carton), le capitaine Pablo Matera avait déclenché une bagarre en plaquant Ben Youngs à retardement (13e).

. Farrell pas dans son assiette

Avec un défenseur de moins, les Pumas, qui avaient déjà perdu l'avantage à la 9e minute (5-3) sur un essai de May, ont tenu 20 minutes. Daly, sur un cadrage-débordement après une série de pick and go (36e), et Youngs, qui a surgi derrière son pack (40e+2), ont mis fin au suspense juste avant la pause. L'essai du bonus signé George Ford (45e) comme celui de Moroni (71e) pour l'honneur argentin sont anecdotiques, des spectateurs quittant même avant la fin du match un stade endormi. Hormis lorsque les supporters anglais ont salué la première transformation réussie par Farrell (47e, trois au final à 3/7).

Les échecs de Farrell constituent un (petit) point d'interrogation pour les Anglais. En première période, le capitaine a signé un retentissant 0/4 (9 points ratés). "Je vais travailler un peu dessus cette semaine", a-t-il commenté sans s'épancher sur le sujet.

Le N.12, déjà victime d'une percussion avec l'épaule de l'Américain John Quill lors du précédent match, a-t-il eu du mal à se remettre du placage de Lavanini? "Je me sens bien", a assuré après coup le joueur des Saracens. "Ma mâchoire était un peu douloureuse mais il n'y a pas eu besoin de protocole commotion."

Dans les tribunes, on pouvait lire: "Ne touchez pas à notre Farrell". La machine anglaise ne saurait tolérer les grains de sable. Mais ce sont bien les "Swing Low, Sweet Chariot" qui retentissent à Tokyo.

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