Accueil Actu

Mondial de rugby: Siya Kolisi, le capitaine symbole des Springboks

Quand il a brandi la Coupe Webb-Ellis, Siya Kolisi, premier capitaine noir de l'Afrique du Sud, est devenu l'un des symboles de la transformation des Springboks, plus de vingt ans après la fin de l'apartheid.

Le costume est lourd et Kolisi (1,86 m, 99kg) a fini par l'endosser. Depuis le début du Mondial japonais, il répétait ne pas se considérer comme un capitaine spécial.

"Je suis juste content d'être capitaine. Franchement, être le premier capitaine noir, ce n'est pas vraiment quelque chose auquel je pense. Etre le capitaine des Sprinbgoks est un immense honneur. Je représente toute l'Afrique du Sud", assurait-il simplement il y a près d'un mois.

Samedi, trophée en main, le troisième ligne (28 ans, 50 sélections) s'est une nouvelle fois montré modeste, mais il a franchi un cap. Avec un message rassembleur, à destination d'une société fragmentée et en pleine crise.

"Nous l'avons fait pour l'Afrique du Sud. Ça montre que si on tire tous dans le même sens, on peut réussir quelque chose", a-t-il lancé juste après le coup de sifflet final.

"Depuis que je suis né, je n'ai jamais vu l'Afrique du Sud comme ça. Le coach nous l'a expliqué: 'vous ne jouez plus pour vous même, vous jouez pour tout le monde à la maison' et c'est ce qu'on a voulu faire", a-t-il ajouté.

Puis, dans l'heure qui a suivi, il a fini de fendre l'armure. Loin des réponses toutes faites livrées depuis le début du Mondial. Interrogé sur l'importance du moment et sur son ressenti lorsqu'il a brandi le trophée, Kolisi, d'un naturel plutôt timide, avait du mal à trouver les mots.

- "Histoire incroyablement spéciale" -

"Honnêtement, je ne pourrais pas expliquer ce que j'ai vécu. Voir la joie dans le visage de mes coéquipiers, c'était la meilleure chose au monde. Je sais à quel point on a tous travaillé dur", a-t-il raconté avant de tresser des louanges à son sélectionneur Rassie Erasmus, installé à ses côtés, celui qui l'a nommé capitaine en juin 2018.

S'il n'a pas trouvé les mots, d'autres glorieux anciens ont souligné la place prise par Kolisi.

"C'est plus qu'un simple match de rugby. C'est un exemple, une expérience pour une nouvelle génération de spectateurs à la maison", a expliqué sur la chaine britannique ITV l'ancien ailier Bryan Habana, l'un des deux seuls Noirs à avoir participé à la conquête du titre en 2007.

"C'est incroyablement spécial de voir une histoire comme celle de Siya et le voyage qu'il a fait au cours des sept dernières années", a ajouté l'ancienne gloire.

Car, Kolisi est passé du township au toit du monde. Le joueur des Stormers a grandi dans le dénuement, privé de mère et sans manger tous les jours à sa faim avant d'obtenir une bourse pour le prestigieux Grey High School, un lycée qui a formé de nombreux internationaux.

Et le voilà porte-étendard des Springboks, qui furent longtemps considérés comme l'un des symboles de la politique d'apartheid (1948-début des années 90) et interdits aux noirs et "coloured".

- "Un super leader" -

Samedi, l'Afrique du Sud alignait six joueurs noirs au coup d'envoi. Lors des précédents sacres des Springboks en 1995 et 2007, ils étaient respectivement seulement un et deux alors que les Blancs représentent moins de 10% de la population sud-africaine.

"Pour nous, Sud-Africains, le rugby a vraiment été un catalyseur - de réconciliation, d'espoir, d'inspiration et de changement. C'est très important et, si vous ne comprenez pas ça, vous ne pouvez pas comprendre notre histoire. Cela fait vraiment du bien de voir des jeunes joueurs de couleur occuper le devant de la scène", explique encore Habana. Et Kolisi fait l'unanimité. "Il montre l'exemple. Il a tellement de pression alors, assurer comme il l'a fait, lors d'une telle victoire, pour son 50e match, ça montre juste le genre de mec et de joueur que c'est", a assuré le demi de mêlée Faf de Klerk.

"C'est un super leader sur et en dehors du terrain. Il a vécu pas mal de choses", abonde le talonneur Bongi Mbonambi. "On ne peut que le féliciter de n'avoir jamais abandonné." Comme un symbole.

À lire aussi

Sélectionné pour vous