Accueil Actu

Mondiaux de biathlon: Boe, le nouveau cannibale

Vainqueur de son premier Gros Globe de cristal et déjà deux fois sacré aux Mondiaux d'Ostersund à 25 ans, le Norvégien Johannes Boe a mis un terme au septennat de Martin Fourcade à la tête de la planète biathlon. Mais qui est-il vraiment et jusqu'où peut-il encore aller?

. Quel est son parcours?

Déjà au-dessus du lot chez les juniors (5 titres de champion du monde), Johannes Boe a connu une trajectoire météorique, effectuant ses débuts en Coupe du monde à 19 ans lors de la saison 2012-2013. Mais c'est l'année suivante qu'il intègre définitivement l'élite du biathlon. Le petit frère de Tarjei (30 ans et lauréat du Gros Globe de cristal en 2011) ne perd pas de temps et se classe d'entrée 3e au général derrière Martin Fourcade et son compatriote Emil Svendsen.

La discipline reste écrasée par la domination sans partage de Fourcade, mais Boe se positionne rapidement comme son principal challengeur. 2e en 2016, puis 3e en 2017, il n'est pas loin de dépasser le maître en 2018 mais craque en fin de saison. Il se consolera tout de même avec le titre olympique sur l'Individuel à Pyeongchang.

En dehors des pistes, le rouquin norvégien est un peu comme "l'eau qui dort", selon l'expression de son entraîneur de tir Siegfried Mazet. "Il est calme mais tout d'un coup il a besoin de péter un câble, de faire autre chose. Il a besoin de se marrer, de faire le con, il ne peut pas être à 100% tout le temps", ajoute le technicien.

. Comment a-t-il construit son sacre?

L'échec de 2018 a servi de déclic à Boe et si sa saison 2018-2019 a débuté avec une piètre 7e place sur l'Individuel de Pokljuka, la suite aura été une promenade de santé. Les chiffres sont impressionnants et rappellent le Fourcade de la grande époque: 13 victoires en 20 courses, déjà deux titres de champion du monde (relais mixte, sprint) et une médaille d'argent (poursuite) dans la poche à Ostersund.

Même si son tir, notamment debout, lui joue encore des tours, il est tout de même devenu beaucoup plus performant dans cet exercice. Mais c'est surtout sa supériorité sur les skis qui lui permet de survoler le circuit et d'avoir au moins une balle d'avance sur ses rivaux.

"Il est devenu plus fort cette année, analyse Siegfried Mazet. Il a eu un sursaut d'orgueil et de volonté pour essayer d'être plus régulier. Il y a eu un travail mental mais aussi une prise de conscience de ce qu'il doit être en tant qu'athlète de haut niveau, pas seulement pendant la saison mais aussi pendant la préparation."

. Que peut-il encore espérer d'ici la fin de saison?

Alors qu'il ne reste plus que cinq courses à disputer, Boe n'est plus qu'à une unité du record de victoires sur une saison détenu depuis 2017 par Fourcade (14). Autant dire que l'exploit est largement à sa portée.

"Il n'en parle pas du tout, tempère toutefois Mazet. Forcément il y pense parce que les gens lui en parlent mais il n'en fait pas un objectif."

S'il n'est pas obnubilé par sa place dans les annales, sa mésaventure de dimanche sur la poursuite des Mondiaux (2e après 3 fautes au dernier tir debout) pourrait cependant décupler sa motivation.

"J'espère que cette colère me rendra plus déterminé encore pour les courses suivantes", a-t-il ainsi lancé, le regard noir.

Le Gros Globe et le petit Globe du sprint déjà assurés, l'homme aux 35 succès sur le circuit peut également rêver d'un Grand Chelem s'il s'impose dans les trois autres spécialités du biathlon (poursuite, Individuel, mass start). Une prouesse réalisée à quatre reprises par Fourcade, un record.

. Jusqu'où peut-il aller?

Après le long règne de Fourcade, Boe en a peut-être entamé un autre cet hiver. Le Norvégien est encore jeune et sa marge est telle sur la concurrence qu'il a de quoi voir venir.

Martin Fourcade l'assure: Boe "est le même que l'an dernier, sauf que je n'ai pas été capable de le challenger". Mais rien ne dit que le Français (30 ans), qui devrait décider en 2020 de la suite de sa carrière, retrouvera sa forme d'antan.

À lire aussi

Sélectionné pour vous