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Nigel Farage, apôtre du Brexit et trublion de la politique britannique

Trublion de la vie politique britannique, expert en coups médiatiques, l'europhobe Nigel Farage rêve que son image d'infatigable apôtre du Brexit lui ouvre enfin les portes de Westminster aux législatives de décembre.

A 55 ans, cet ancien trader reste fidèle à sa stratégie de perturbateur de la vie politique au Royaume-Uni.

En attendant d'annoncer s'il sera bien candidat -ce serait alors sa huitième tentative-, le chef du Parti du Brexit a ainsi mis au défi Boris Johnson de le rejoindre pour une grande alliance du camp du "leave".

Et même si son offre a été rejetée par les conservateurs, il a trouvé un soutien de poids qui lui a offert un nouveau coup médiatique au moment de lancer sa campagne : son "ami" Donald Trump, avec lequel il a longuement bavardé jeudi au téléphone dans son émission sur la radio LBC.

"J'aimerais vous voir vous mettre avec Boris, parce que vous feriez un bon score", a en effet lâché le président américain.

Malgré ses sept tentatives avortées d'entrer au Parlement britannique, Nigel Farage a enregistré une série de succès électoraux ces dernières années, dont le dernier en date est la première place obtenue par son parti aux européennes en mai.

- "Showman" -

Avec sa gouaille et ses mimiques inimitables, il a passé sa carrière à dénigrer les institutions européennes, où il siège sans interruption depuis 1999.

C'est un "showman", estime l'acteur Paul Ryan, qui l'a incarné dans un téléfilm sur la campagne référendaire de 2016. "Il a un grand sens de l'humour" et "c'est un grand communicant".

Né le 3 avril 1964 au sud de Londres, Nigel Farage a frôlé la mort à plusieurs reprises.

Âgé d'une vingtaine d'années, il a failli se faire amputer d'une jambe après avoir été renversé par une voiture à la sortie d'un pub. Quelques mois plus tard, on lui a diagnostiqué un cancer des testicules.

Guéri, il a épousé une infirmière, avec laquelle il a eu deux fils. Il aura encore deux filles avec sa deuxième femme, Kirsten Mehr, une Allemande, dont il est aujourd'hui séparé.

Il a failli disparaître une troisième fois, en 2010, dans la chute d'un avion biplace, le jour des législatives. Il s'en est tiré avec quelques côtes fracturées et un poumon perforé, mais a toujours des séquelles, comme le trahit sa démarche légèrement raide.

C'est avec l'énergie du survivant qu'il prend le pouvoir au parti anti-immigration UKip, qu'il avait contribué à fonder en 1993. Omniprésent, il incarne rapidement le parti à lui tout seul et transcende les militants qui l'appellent par son seul prénom : "Nigel !".

Lui se voit d'abord comme un politique authentique et proche du peuple. Il bâtit sa légende en sillonnant les pubs.

- Rêve d'indépendance -

Sa première grande consécration au Royaume-Uni, il la connaît en 2014 lorsque l'UKip remporte les élections européennes. Nigel Farage est alors en pole position pour livrer la bataille en faveur d'un Brexit à l'occasion du référendum organisé deux ans plus tard.

Mais son image controversée, ses propos sur les malades du sida dont il faudrait interdire l'entrée au Royaume-Uni, l'écartent de la campagne officielle.

Pas du genre à se taire, il fait malgré tout campagne, à sa façon : il remonte la Tamise à la tête d'une flottille de chalutiers; il crée la controverse avec des affiches exploitant le thème de l'immigration.

Une fois connu le résultat du référendum, c'est les larmes aux yeux qu'il voit poindre, "à l'aube, le rêve d'un Royaume-Uni indépendant".

L'impasse au Parlement sur ce dossier complexe le pousse à reprendre du collier : il fonde en février le Parti du Brexit, après avoir claqué en décembre la porte de l'UKip.

Il espère aujourd'hui saisir sa chance pour faire entendre la voix des partisans d'un Brexit dur, comme il l'a expliqué vendredi : "Des élections législatives sont l'occasion de recommencer à zéro (...) afin de suivre un programme différent"

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