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Numéro d'équilibriste d'Athènes, Bruxelles attend la liste de réformes

Une liste des engagements grecs de réformes faisait le va-et-vient entre Bruxelles et Athènes lundi, le gouvernement grec ayant jusqu'à minuit pour soumettre les propositions qui doivent lui assurer l'extension du financement du pays, sans complètement renier ses promesses électorales.

Une liste "pas définitive" avait été reçue en milieu de journée, a indiqué une source à l'AFP. Les heures suivantes un délicat travail était en cours pour finaliser cette feuille de route de réformes, ont précisé plusieurs sources à Bruxelles.

Des "conseils" étaient fournis aux autorités grecques pour que leurs propositions satisfassent les pays les plus exigeants, Allemagne et Espagne en tete, afin d'éviter un retour au spectre d'une sortie de la Grèce de l'euro.

L'accord de la dernière heure trouvé vendredi soir entre Athènes et ses partenaires européens prévoit l'extension jusqu'à fin juin de leur aide, à condition que le gouvernement de la gauche radicale Syriza présente d'ici lundi soir la liste des réformes sur lesquelles il s'engage.

Le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, Martin Jäger, a dit lundi ne voir "aucune raison" que l'extension de l'aide ne soit pas validée cette semaine par le Bundestag si Athènes présentait une liste "cohérente et plausible".

La chambre basse du parlement allemand doit, comme d'autres parlements nationaux, valider la prolongation du plan de sauvetage.

- Critiques internes -

Pour ne pas renier totalement son message électoral, qui promettait de tourner la page de l'austérité, l'exécutif grec a l'espoir de faire entériner des mesures moins douloureuses pour la population que celles prévues dans le programme en cours, qui s'achève samedi.

Le gouvernement Tsipras est déjà confronté à des critiques en interne: le vétéran de Syriza et eurodéputé Manolis Glezos, 92 ans, a vertement critiqué les concessions faites à la zone euro, et s'est "excusé auprès du peuple grec d'avoir participé à cette illusion".

"Nous sommes à un moment critique", a commenté Costas Lapavitsas, député Syriza, représentant l'aile gauche, sur son blog lundi. "La légitimité démocratique du gouvernement repose sur le programme Syriza", ajoutait-il, estimant qu'il était "difficile de voir" comment le gouvernement comptait mettre en oeuvre celui-ci.

Pour M. Tsipras la marge de manoeuvre est très étroite puisque la Grèce s'est engagée à ne pas faire déraper les finances publiques.

"C'est logique qu'il y ait des mesures dans la philosophie ce de que souhaite Syriza", mais "ils doivent tenir compte aussi de l'équilibre budgétaire", a déclaré lundi le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, résumant le dilemme.

Même en cas de feu de vert de la zone euro sur les propositions du gouvernement Tsipras, le pays n'est pas sorti de l'ornière.

La mise en oeuvre des réformes fera l'objet d'une évaluation en avril et la zone euro ne devrait pas, d'ici là, débourser l'argent restant dans le programme d'aide (7,2 milliards d'euros, dont 3,6 venant de l'UE), alors qu'Athènes doit faire face à des échéances vis-à-vis de ses créanciers dès mars.

- Retour en récession? -

L'incertitude entourant la suite des événements et la "position précaire" dans laquelle ses concessions mettent M. Tsipras risquent en outre de peser fortement sur l'activité économique, jugent les analystes d'IHS Global Insight, qui anticipent un déclin du Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, c'est-à-dire un retour en récession. Le pays a ressorti la tête hors de l'eau en 2014 après six années de dépression.

La liste attendue lundi "comprend des réformes visant à lutter contre l'évasion fiscale et la corruption, à faire que les impôts soient répartis de manière plus juste socialement", a indiqué le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis, sur la chaîne Skai.

Le gouvernement espère par exemple récolter 2,3 milliards d'euros par an en luttant contre la contrebande d'essence et de cigarettes, avait-il fait savoir récemment.

M. Sakellaridis a en revanche réaffirmé l'engagement à augmenter le salaire minimum d'ici 2016, une promesse qui passe mal avec certains partenaires d'Athènes. Si Athènes passe à l'acte, "il y aura six pays en Europe qui auront un salaire minimum inférieur", entre autres la Slovaquie et l'Espagne, et qui devront soutenir Athènes financièrement, a fait remarquer dans une interview lundi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

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