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Pampelune prépare la San Fermin, vent debout contre les agressions sexuelles

Du vin, des taureaux... et halte au sexisme: la San Fermin de Pampelune, une des plus grandes fêtes traditionnelles d'Espagne, commence vendredi avec le combat contre les agressions sexuelles dans toutes les têtes après la retentissante affaire de "La Meute".

Pampelune, ville de 200.000 habitants dans le nord de l'Espagne, s'est proclamée "ville libre d'agressions sexistes" avant de recevoir des centaines de milliers de touristes du monde entier venus faire la fête et assister aux célèbres "encierros".

C'est à Pampelune, lors de la San Fermin 2016, que cinq hommes, qui s'étaient baptisés "La Meute", avaient abusé en groupe d'une jeune femme en filmant leurs actes. Une agression qui a été le détonateur d'une puissante vague féministe dans tout le pays.

La décision de la justice de les condamner en avril pour "abus sexuel" et non "agression sexuelle", catégorie comprenant les viols en Espagne et plus lourdement sanctionnée, avait fait descendre des milliers d'Espagnoles dans la rue contre la "justice patriarcale".

Tout comme leur libération sous caution, décidée deux semaines avant le début de la San Fermin 2018, qui les autorise -en théorie- à y retourner.

"La réaction citoyenne a été très claire : nous ne pouvons pas continuer comme ça, nous voulons rentrer chez nous peu importe l'état dans lequel nous sommes, ivres ou je ne sais quoi", affirme à l'AFP Laura Berro, élue chargée de l'égalité des genres à la mairie de Pampelune.

- Prise de conscience -

La prise de conscience du problème date de plusieurs années, avant même l'affaire de "la Meute".

En 2013, les images de femmes au-dessus de la foule, seins nus et pelotées par des hommes pendant le lancement de la féria, avaient causé un électrochoc dans l'opinion.

Jusque-là, "il y avait ce discours très arriéré qui justifiait que les hommes agressent sous les effets de l'alcool et dans le contexte festif. Ce que ça faisait, c'était provoquer l'impunité", affirme Laura Berro.

En conséquence, la ville a décidé depuis cinq ans de mettre les grands moyens pour prévenir les violences sexuelles.

Un numéro de téléphone est mis 24 heures sur 24 à disposition des personnes dénonçant des violences sexuelles, les forces de l'ordre identifient les auteurs d'actes sexistes sur les images de vidéosurveillance et les associations féministes peuvent aussi donner l'alerte.

Depuis 2004, près de 95% des plaintes pour violences sexuelles à la San Fermin ont abouti à l'identification de l'auteur, selon une étude de l'Université publique de Navarre dévoilée début juillet.

"Depuis deux ans, il y a eu une augmentation très importante des plaintes. Parce qu'il y a eu plus d'agressions et d'abus ? Non. Parce qu'ils ont été davantage dénoncés", note Paz Francés, juriste auteure de l'étude.

Un point d'information installé sur une place centrale de la ville permet par ailleurs de sensibiliser les participants, mais aussi de recenser des cas n'ayant pas donné lieu à des plaintes au commissariat.

Avant le début de la fête, des centaines de féministes se sont rassemblées lundi à Pampelune en hommage à Nagore Laffage, une infirmière tuée il y a dix ans pendant la San Fermin par un homme dont elle refusait les avances sexuelles.

"Cela fait déjà plusieurs années que les gens sont sensibilisés, parce qu'on a donné un porte-voix aux idées féministes, et peu à peu, il y a des changements très importants, très profonds", résume Laura Berro.

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