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Paolo Gentiloni, la force tranquille de la gauche modérée italienne

On le disait presque fade à son arrivée fin 2016, mais Paolo Gentiloni, chef du gouvernement italien, a révélé une force tranquille qui en fait aujourd'hui l'un des hommes politiques les plus populaires d'Italie, peut-être destiné à rester encore longtemps à son poste.

Lorsqu'il a succédé au bouillonnant Matteo Renzi, dont il est proche, après l'échec cuisant du référendum constitutionnel en décembre 2016, son gouvernement de centre gauche semblait en sursis.

Un scénario qui est tout autre un peu plus d'un an plus tard, l'Italie semblant désormais disposée à le voir rester si les élections du 4 mars devaient accoucher d'un parlement sans majorité stable.

Selon un récent sondage, M. Gentiloni, 63 ans, jouit d'une cote de popularité de 44%, loin devant les autres prétendants à son poste, Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles, populiste) à 31%, Matteo Renzi à 30% et Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) à 26%.

"La force de Paolo est sa méthode", disent de lui ses amis, dans des confidences recueillies par le journaliste Marco Damilano, assurant que cet homme discret à l'apparence toujours très classique écoute toujours les opinions qui comptent avant de prendre une décision.

"La méthode Gentiloni n'est pas synonyme de mollesse: le chef du gouvernement est fait de cette gélatine qui cache en son intérieur un noyau dur", confient un proche de ce Romain de naissance et de coeur, au ton toujours posé et aux cheveux grisonnants.

L'ancien chef du gouvernement, Romano Prodi, a d'ailleurs dit de M. Gentiloni: "Il n'est pas froid, il est calme", dans une allusion un peu perfide au survolté Renzi.

Cette force tranquille et cette popularité, M. Gentiloni les a mises au service du Parti démocrate (PD, centre gauche), qu'il contribua à créer, et dont M. Renzi a gardé les commandes après sa démission.

Les deux hommes que l'âge, le tempérament, les origines opposent ont toutefois un lien étroit qui a fait dire au quotidien La Stampa en 2014 que M. Gentiloni "était renzien avant Renzi lui-même".

- Sang bleu et gauchiste -

Issue d'une vieille famille aristocratique de la capitale, ce diplômé en sciences politiques est aussi un ancien gauchiste, qui fut membre d'un mouvement maoïste dans ses jeunes années.

Journaliste pendant huit ans au sein d'un magazine écologiste, il a été dans les années 1990 le porte-parole de l'ancien maire de Rome Francesco Rutelli (1993-2001). Ce dernier qualifiait alors celui qui le protégeait des journalistes de "paravent qui fera carrière".

Adjoint au Tourisme à la mairie, il a été en charge de la préparation du Jubilé de l'an 2000 à Rome.

Avec Francesco Rutelli, il a aussi participé au mouvement réformiste de gauche lancé à la fin des années 1990, l'Ulivo, devenu en 2007 le Parti démocrate. Ce mouvement a porté Romano Prodi au pouvoir en 1996, puis en 2006.

C'est du reste ce dernier qui le fera ministre pour la première fois de sa carrière la même année en lui confiant le portefeuille des Communications.

Malgré sa popularité au sein du PD, Paolo Gentiloni échouera aux primaires de son parti pour les municipales à Rome en 2012.

Deux ans plus tard, Matteo Renzi fera appel à lui pour remplacer Federica Mogherini au ministère des Affaires étrangères, celle-ci ayant pris la tête de la diplomatie européenne.

A ce poste, celui que ses collaborateurs décrivent comme un perfectionniste, modéré dans ses jugements et ses opinons, a représenté l'Italie dans le monde au moment où M. Renzi entendait lui faire retrouver toute sa place sur la scène internationale.

A Bruxelles, il a défendu son pays avec fermeté tout au long de la crise migratoire, sans que ses appels à une plus grande solidarité au sein de l'union soient vraiment entendus.

Amateur d'opéra, de bon vin, de livres et de tennis, Paolo Gentiloni est marié depuis 30 ans à une architecte. Le couple n'a pas d'enfants.

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