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Pays-Bas : échec d'une motion de défiance après la démission du chef de la diplomatie

La démission de Halbe Zijlstra, ministre néerlandais des Affaires étrangères, qui a reconnu avoir menti sur sa présence à une réunion avec Vladimir Poutine, a entraîné mardi le dépôt d'une motion de défiance contre le Premier ministre, largement rejetée.

Rejetée avec 101 voix contre et 43 voix pour, la motion de défiance avait été introduite par le député d'extrême droite Geert Wilders du Parti pour la Liberté (PVV), qui a jugé "inacceptable" que le Premier ministre n'ait pas informé les députés du scandale impliquant son ministre des Affaires étrangères.

En fin d'après-midi mardi, M. Zijlstra, en poste depuis seulement quatre mois, a démissionné, admettant devant les députés avoir menti sur sa présence au cours d'une rencontre en 2006 avec le président russe, Vladimir Poutine.

Il avait affirmé en 2016 avoir entendu lors de cette réunion Vladimir Poutine dire qu'il voulait reconstruire une "Grande Russie", incluant "la Biélorussie, l'Ukraine et les pays baltes".

Mark Rutte s'est trouvé sous le feu des critiques après que son ministre a reconnu avoir menti, des députés lui reprochant de ne pas avoir immédiatement agi après avoir été mis au courant, il y a trois semaines, du mensonge de son plus fidèle ministre.

"C'était une erreur de jugement de ma part" que de ne pas informer le Parlement à ce moment-là, a-t-il admis.

"Je ne pensais pas que cette affaire aurait une telle portée politique. J'ai sous-estimé l'impact de ce mensonge", a reconnu M. Rutte avant que le leader du PVV (20 sièges) Geert Wilders ne dépose la motion de défiance.

La démission de Halbe Zijlstra, membre du parti libéral VVD de Mark Rutte, est le premier scandale qui secoue la fragile coalition à quatre partis formée à l'issue de négociations laborieuses en octobre.

"Je ne vois pas d'autre option aujourd'hui que de présenter ma démission à Sa Majesté le roi", a dit M. Zijlstra, manifestement ému, mettant fin à une polémique grandissante aux Pays-Bas, alors qu'il devait prendre l'avion quelques heures plus tard pour une visite officielle en Russie.

- 'Fake news' -

Cette visite, lors de laquelle il devait rencontrer mercredi son homologue russe Sergueï Lavrov, a été annulée "pour des raisons évidentes", a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le chef de la diplomatie avait admis lundi avoir menti, alors même qu'il s'apprétait à partir pour Moscou, où il devait évoquer notamment l'affaire du vol MH17, un avion de ligne abattu en 2014 au-dessus de la zone de conflit avec des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Le drame, qui a coûté la vie aux 298 occupants de l'appareil, des citoyens néerlandais pour la plupart, a créé des tensions entre les deux pays, et conduit à des accusations selon lesquelles Moscou ne dirait pas la vérité à propos des événements.

Un ministre néerlandais proférant un mensonge impliquant la Russie ne pouvait en aucun cas rester en poste, selon l'avis général des députés.

"Il s'agit de la plus grosse erreur de ma carrière", a admis le chef de la diplomatie quelques instants après sa démission.

L'ambassade russe a d'ailleurs réagi avec virulence, accusant les Néerlandais de diffuser des "fake news". "Aux Pays-Bas, la Russie est accusée d'avoir diffusé de la désinformation. Les autorités néerlandaises font sans arrêt de telles déclarations sans fondement", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

M. Zijlstra a affirmé que les propos prêtés au président russe lui avaient été rapportés par une tierce personne, mais qu'il avait affirmé les avoir entendus lui-même dans le souci de ne pas trahir sa source.

"Je n'aurais vraiment pas dû faire ça. Je suis désolé", a-t-il dit aux députés.

"Il s'agit de la crédibilité du ministre des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas. Cette crédibilité devrait être hors de tout doute à l'intérieur, tout comme à l'extérieur du pays", a déclaré le ministre.

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