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Pays-Bas: le Premier ministre Mark Rutte surmonte une motion de défiance

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a surmonté de justesse dans la nuit de jeudi à vendredi une motion de défiance au Parlement déposée par l'opposition, qui l'accusait d'avoir menti lors de négociations pour former sa coalition.

Surnommé le "Premier ministre en Teflon" pour sa capacité à se sortir des crises politique, M. Rutte reste néanmoins sous pression, car chaque parti à l'exception du sien a soutenu une motion séparée au Parlement qui condamne son comportement dans ce dernier scandale.

"Je reste Premier ministre. Je travaillerai dur pour regagner la confiance", a déclaré aux médias M. Rutte.

Pour la motion de défiance elle-même, il a reçu le soutien des deux principaux partis qui faisaient partie de sa précédente coalition, le D66 (centre gauche) et le CDA (centre droit), tandis que tous les partis d'opposition ont voté contre lui.

Cet épisode représente l'un des plus importants combats politiques de la longue carrière de M. Rutte, au pouvoir depuis 2010.

Son parti libéral, le VVD, avait remporté le plus de sièges lors d'élections législatives le mois dernier grâce à sa gestion de la pandémie de coronavirus.

Le Parlement l'a condamné - avec les voix du D66 et du CDA - pour avoir secrètement discuté de la façon d'apaiser un député très critique du CDA pendant les négociations visant à former une coalition gouvernementale, posant la question de sa capacité à mener lesdites négociations.

Former une coalition est un processus qui peut prendre des mois aux Pays-Bas. Les actuelles négociations étaient prévues pour durer jusqu'à l'été, et pourraient encore se prolonger à cause de cette affaire.

Les branches jeunesse du D66, du CDA et du parti de droite ChristenUnie, qui appartenait également à l'ancienne coalition gouvernementale de M. Rutte, ont déclaré vendredi que leurs partis ne devraient pas commencer les négociations avec le VVD avant la démission de M. Rutte.

"Nous ne le considérons plus comme un dirigeant crédible pour les Pays-Bas", a déclaré la cheffe des jeunes de ChristenUnie, Bina Chirino, au journal Nederlands Dagblad.

Le leader d'extrême droite Geert Wilders, dont le PVV est la troisième formation du Parlement, a également estimé que M. Rutte, ayant "menti éhontément", devait démissionner.

Le député du CDA Pieter Omtzigt avait tiré la sonnette d'alarme dans un scandale dans lequel des milliers de parents ont été accusés à tort de fraude aux allocations familiales. L'affaire avait poussé à la démission M. Rutte, qui depuis gère les affaires courantes.

"Je n'ai pas menti", avait assuré M. Rutte devant le Parlement avant la motion de défiance. "Je n'ai jamais trompé un collègue. Quelle en serait la raison?"

La semaine dernière, un photographe avait pris une image des notes d'une négociatrice de la coalition quittant le Parlement. Le nom du député Omtzigt y apparaissait avec la mention "poste ailleurs", ce que beaucoup interprètent comme l'idée de lui donner un ministère pour le faire se tenir tranquille.

M. Rutte avait alors déclaré à la presse qu'il n'avait pas discuté du sujet. Mais jeudi, il a dit s'être "trompé dans (ses) souvenirs", lorsque des documents des négociations ont montré qu'il avait bien discuté du fait de nommer ministre M. Omtzigt. Il avait ajouté "regretter profondément" cet épisode.

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