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Le centre de Sarajevo bouclé par la police pour sa première Gay pride

Plus de 2.000 personnes ont défilé dimanche à Sarajevo à l'occasion de la première Gay pride organisée dans la capitale bosnienne, pour protester "contre la haine et l'isolement" dont fait l'objet la communauté LGBT locale.

Le centre-ville avait été bouclé par la police, dont des forces anti-émeutes, plusieurs heures avant le départ de la marche, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre ont empêché un groupe de 150 manifestants, ayant répondu à l'appel d'un théologien musulman, de s'approcher du boulevard par lequel la Marche des fiertés est passée.

"Plus de deux mille personnes ont participé à la marche des fiertés et elle s'est déroulée sans incidents", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police, Mirza Hadziabdic.

La police avait annoncé avant la marche que plus de 1.100 policiers y seraient déployés.

Sarajevo était la dernière capitale dans les Balkans à ne pas avoir encore organisé de Gay pride.

En 2008 et 2014, des islamistes radicaux et des hooligans y avaient agressé des participants à un festival gay.

Plus de 80% des 340.000 habitants de Sarajevo sont musulmans.

Agitant des drapeaux arc-en-ciel, des membres de la communauté LGBT mais aussi beaucoup d'habitants de Sarajevo ont défilé sur quelque 1.500 mètres, avec pour point de départ symbolique un monument consacré à la libération de la ville à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Au son des sifflets et des tambours, en chantant "Ay, Carmela!" et en scandant "La ville nous appartient!", les marcheurs se sont arrêtés sur le parvis du Parlement.

"Merci d'avoir marché avec nous aujourd'hui, dans la solidarité. Merci d'avoir fait avec nous de ce moment un moment historique pour la Bosnie!", a lancé Dajana Bakic, l'une des organisatrices de la marche, devant la foule.

"Aujourd'hui, nous proclamons plus fort qu'avant que nous nous battrons avec audace et dignité pour nos vies qui (...) ne peuvent pas être limitées à nos quatre murs, pour nos vies libérées de la peur et de la violence", a déclaré une autre militante, Lejla Huremovic.

Leur collègue Branko Culibrk a souhaité "une société dans laquelle nous nous opposerons ensemble à la violence, à la haine, à l'isolement et l'homophobie".

Des ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, notamment américain, français, italien ou encore britannique, ont assisté au défilé.

Pays de 3,5 millions d'habitants, la Bosnie prohibe officiellement toute discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, mais ne reconnaît pas l'union entre personnes de même sexe.

"Nous n'avons pas la possibilité de faire des unions civiles. Le moment où on parlera de l'adoption des enfants est encore très loin. Mais voilà, aujourd'hui c'est la première Gay pride bosnienne et nous souhaitons à l'avenir parler de tout ça", a dit à l'AFP un participant, Matej Vrebac, 21 ans.

Plusieurs partis politiques, notamment bosniaques (musulmans), ainsi que certaines associations musulmanes s'étaient opposés à la tenue de la marche.

Des manifestants empêchés par la police de s'approcher de la Gay pride ont défilé, eux aussi, en criant "Allah Akbar!" (Dieu est le plus grand), a constaté un journaliste de l'AFP. Ils ont aussi prononcé une prière, réclamant "le déluge" pour les participants à la Gay pride.

"Cette ville n'a jamais subi une humiliation plus grande que celle qu'on lui a préparée aujourd'hui", a déclaré l'organisateur de ce rassemblement, Sanin Musa.

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