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Pour relancer l'économie britannique, Johnson promet une "révolution par les infrastructures"

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis mardi une "révolution par les infrastructures" inspirée du "New Deal" américain pour relancer une économie frappée de plein fouet par la pandémie de nouveau coronavirus, qui a contraint à un premier reconfinement local.

Malgré sa décision de fermer les commerces non essentiels et écoles à Leicester (centre), le gouvernement conservateur reste déterminé à redémarrer l'activité dans le reste du pays, le plus endeuillé en Europe par le Covid-19 avec plus de 43.000 morts.

Après avoir enfilé un casque de chantier sur un site de construction, Boris Johnson a développé sa vision pour sortir du gouffre l'économie, avec un plan de cinq milliards de livres (5,5 milliards d'euros) d'investissements dans les infrastructures, résumé par le slogan "Construire, construire, construire".

"Cela ressemble à un New Deal (...) parce que c'est ce que l'époque exige: un gouvernement puissant et déterminé qui met ses bras protecteurs autour du peuple en temps de crise", a-t-il déclaré en référence à la politique dite de la "Nouvelle donne" de Franklin D. Roosevelt qui avait permis de relancer l'économie américaine par la demande et l'intervention de l'Etat après la Grande Dépression des années 1930.

"Ce moment nous donne une occasion bien plus grande d'être radical et de faire les choses différemment", a-t-il martelé, à Dudley (centre de l'Angleterre).

Il est peu rentré dans les détails de ce plan, qui comprend des investissements notamment dans la construction et rénovation d'écoles, d'hôpitaux et de routes.

Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer a dénoncé un plan fait en réalité de "ré-annonces de promesses et d'engagements" datant de la campagne électorale, estimant que l'accent devait être mis sur l'emploi.

Greenpeace a de son côté regretté une "opportunité manquée" en matière de protection de l'environnement.

- "Pas un communiste" -

Sur le premier trimestre, marqué par une semaine seulement de confinement, le Produit intérieur brut britannique a baissé de 2,2%, du jamais vu depuis 1979, et le Fonds monétaire international prévoit un effondrement historique de plus de 10% pour 2020.

Alors que la dette britannique a déjà dépassé pendant cette crise les 100% du Produit intérieur brut, la question du financement reste en suspens.

Boris Johnson a refusé tout retour à l'austérité, estimant que "le monde a changé depuis 2008". "Je ne suis pas un communiste mais je pense que c'est aussi le travail du gouvernement de créer les conditions nécessaires à l'économie de marché", a-t-il assuré.

Avant la crise, le leader conservateur s'était déjà engagé lors de sa campagne pour les législatives de décembre à injecter des millions dans les services publics, lui permettant de remporter des bastions travaillistes dans les régions défavorisées du Nord de l'Angleterre.

Son plan de relance, qui consiste surtout à "accélérer" ses projets, est annoncé alors que la crise sanitaire connaît une première résurgence. Avec près d'un millier de cas enregistrés en deux semaines à Leicester et ses environs, dans une zone représentant plus de 600.000 habitants, le gouvernement a annoncé mardi soir durcir de nouveau le confinement.

Cette nouvelle a fait l'effet d'une douche froide à quelques jours de la réouverture, prévue samedi dans le reste de l'Angleterre, d'une grande partie des commerces fermés depuis fin mars, notamment les pubs et les coiffeurs. Dans la ville, elle a été accueillie de manière mitigée.

"C'est autoritaire!" a tempêté Will Horspool, 35 ans, interrogé par l'AFP, qui avait déjà réservé une table dans un pub pour la semaine prochaine après la réouverture prévue samedi.

"Les gens ne prennent pas la situation au sérieux, ils ne portent pas de masques dans les magasins", a regretté Manuela, une infirmière de 30 ans.

Devant la presse, le maire Peter Soulsby a reconnu que les mesures annoncées étaient plus dures qu'espéré.

"Je suis inquiet évidemment pour le bien-être de la ville et la santé de la population mais aussi pour l'économie", a-t-il déclaré, appelant le gouvernement à soutenir financièrement davantage sa commune.

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