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Près d'Izioum, les morts de la guerre enterrés dans une forêt

Policiers, militaires, démineurs ukrainiens s'affairent vendredi au milieu d'une forêt à l'entrée de la ville d'Izioum: une fosse commune de militaires ukrainiens et des centaines de tombes ont été retrouvées après le départ des Russes.

Sur la route principale allant d'Izioum à Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, un petit chemin de terre mène vers une forêt de pins au sol sablonneux.

Sur la droite du chemin, à une centaine de mètres à l'intérieur de la forêt, deux hommes en tenues blanches creusent délicatement le sable au fond d'une fosse surmontée d'une croix avec l'inscription: "armée ukrainienne 17 personnes. Izioum, de la morgue", ont constaté des journalistes de l'AFP.

Bientôt, ils atteignent une première dépouille qu'ils exhument et placent dans un sac mortuaire en plastique blanc. D'autres corps apparaissent ensuite, dégageant une forte odeur de putréfaction.

Autour de cette fosse, se trouvent plusieurs centaines de tombes surmontées de croix portant des numéros et pour certaines des noms et des dates.

Les dates, selon toute vraisemblance celle de la mort des personnes enterrées, vont du début mars, quand la ville était encore sous contrôle ukrainien au début septembre, selon les journalistes de l'AFP.

La plupart des croix sans noms sont en bois brut, celles portant les noms sont en bois verni ou peint et sont parfois ornées de fleurs. Sur l'une des tombes, un petit verre a été déposé en hommage à la personne décédée et vraisemblablement identifiée par la famille.

Selon Oleg Kotenko, responsable gouvernemental pour la recherche des personnes disparues, "il y a une famille enterrée là, avec un jeune enfant. Ils ont été tués, il y a des témoins du même immeuble, ils ont vu ce qui s'est passé et ont enterré ces gens ici".

- Autopsies et tests ADN -

Selon M. Kotenko, "les tombes qui ne portent pas de noms sont celles de gens (trouvés) dans la rue".

Au total, selon lui, la forêt abrite plus de 440 tombes, creusées pendant les combats lors de la prise de la ville par les forces russes en mars et durant l'occupation russe, qui a pris fin dans la nuit de samedi à dimanche dernier.

Tout autour des tombes, plusieurs équipes de démineurs s'affairent à chercher, à l'aide de détecteurs de métaux portatifs, d'éventuelles mines ou engins explosifs dans les alentours, non loin d'un cimetière plus ancien.

Des tranchées et des positions pour les chars, creusées dans le sable, sont également visibles dans la forêt, qui a dû être occupée par des militaires de l'un ou l'autre camp pendant les combats.

C'est au fond de l'une de ces positions destinées aux chars, un trou de quatre mètres par sept, que se trouve la fosse commune où sont enterrés les soldats.

"On pense qu'il y a 16 ou 17 corps. Nous allons les exhumer maintenant pour une autopsie à Kharkiv où des tests ADN seront effectués", dit-il.

Selon M. Kotenko, cette découverte a été faite grâce à une vidéo postée sur les réseaux sociaux et visionnée par l'AFP.

Un homme portant une casquette avec un drapeau russe y dit : "Nous devons prendre les corps des soldats ukrainiens à la morgue et les enterrer car l'Ukraine n'en veut pas".

"Les négociations avec les autorités ukrainiennes n'ont rien donné, ils ont refusé de prendre les corps, donc nous les avons enterrés nous-mêmes dans le cimetière de la ville", dit encore l'homme de la vidéo.

Une autre vidéo montre des corps de soldats, enveloppés dans des sacs mortuaires et emmenés depuis la morgue.

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