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Procès Lionnet à Londres: une accusée "violente", une victime terrorisée

Sabrina Kouider se comportait de façon "agressive", "hurlant" contre Sophie Lionnet, la jeune fille au pair terrorisée qu'elle et son compagnon sont accusés d'avoir tuée, a décrit vendredi un témoin à leur procès à Londres.

Une connaissance du couple de Français, Steve Brown, a raconté avoir vu deux fois Sabrina Kouider hurler contre Sophie Lionnet, dont le corps presque entièrement carbonisé avait été découvert le 20 septembre 2017. "Tout le monde pouvait clairement voir que Sophie avait peur", a-t-il dit.

Un jour de 2016, tandis qu'il se trouvait au domicile de Sabrina Kouider, celle-ci a "commencé à crier contre Sophie", a raconté M. Brown. "Je lui ai demandé : +Pourrais-tu arrêter de crier comme ça contre cette gamine ?+. Elle m'a répondu que Sophie était paresseuse, qu'elle ne cuisinait pas, qu'elle ne faisait pas ce qu'elle était supposée faire".

Sophie Lionnet, une Française de 21 ans, avait été embauchée en janvier 2016 en tant que jeune fille au pair et dormait dans la chambre des enfants, sur un lit superposé.

Sabrina Kouider "était agressive et violente", a poursuivi Steve Brown. Il a raconté avoir apporté une autre fois deux hachis parmentier, dont un spécifiquement pour Sophie parce qu'il "voulait être sûr qu'elle mange quelque chose". "Elle avait l'air effrayée et affamée". Pour ce témoin, "Sophie était exploitée".

Jaymani Patel, qui travaille dans un magasin à proximité du domicile de la famille, a déclaré qu'elle voyait plusieurs fois par semaine Sophie, une jeune fille "très timide" qui "souriait tout le temps".

Elle a dit qu'elle évitait Sabrina Kouider avec laquelle elle s'était disputée au sujet de cartes téléphoniques achetées dans son magasin. "Elle pouvait être difficile", "agressive verbalement", mais pas physiquement, a-t-elle précisé à l'audience.

- "Facilement énervée" -

Sabrina Kouider, ses deux enfants, son compagnon Ouissem Medouni et Sophie Lionnet vivaient au rez-de-chaussée, qu'elle louait depuis 2013, d'une maison du sud-ouest londonien.

Le propriétaire des lieux, Vladimir Valchev, a expliqué avoir reçu cinq paiements du loyer de la part de l'ex-compagnon de Sabrina Kouider, Mark Walton, membre fondateur du boys band irlandais Boyzone, avant que la locataire n'accumule les impayés. Il a expliqué que cette dernière "s'énervait facilement" et qu'il s'était montré "très patient".

Il avait fini par la menacer d'expulsion fin août 2017, quelques semaines avant la découverte par les pompiers du corps presque totalement calciné de Sophie Lionnet dans le jardin de la propriété.

Ouissem Medouni avait affirmé aux pompiers qu'il s'agissait d'un mouton, avant de garder le silence devant les enquêteurs.

La veille de cette découverte macabre, la locataire du logement situé au-dessus de celui de Sabrina Kouider avait appelé Vladimir Valchev, se plaignant d'une odeur désagréable. Venu vérifier par lui-même, le propriétaire n'avait rien senti de particulier.

Selon Sabrina Kouider, Sophie Lionnet avait disparu quelques jours avant, après lui avoir fait des révélations.

"Elle m'a expliqué qu'elle avait été recrutée par Mark Walton et qu'il l'avait payée plus de 18.000 livres (près de 21.000 euros, ndlr)" pour travailler pour lui, a-t-elle affirmé aux enquêteurs.

Sophie Lionnet lui aurait avoué qu'elle faisait entrer M. Walton dans la maison et que ce dernier "lui donnait des trucs pour droguer" Mme Kouider et sa famille.

Sabrina Kouider avait développé "une obsession" pour son ex-compagnon, aboutissant à des "inventions, des croyances" qui ont constitué un élément central dans le meurtre de Sophie, selon l'acte d'accusation.

Mark Walton devrait livrer son témoignage lundi matin à l'audience.

Depuis l'ouverture du procès lundi, se dessine le calvaire vécu par la jeune fille au pair avant sa mort. Mardi, les jurés ont entendu des extraits des longs interrogatoires que Sabrina Kouider et Ouissem Medouni lui faisaient subir.

Dans des messages envoyés à sa mère, Sophie Lionnet exprimait dès août 2016 son souhait de rentrer en France. "Si j'avais les moyens de m'acheter un billet et de prendre un taxi, je l'aurais déjà fait", écrivait-elle.

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