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Quelques heures après le vote, la Grande-Bretagne frappe en Syrie

Quelques heures seulement après le feu vert du Parlement, la Grande-Bretagne a conduit tôt jeudi matin ses premières frappes aériennes en Syrie contre les positions du groupe Etat islamique.

Des Tornado de la Royal Air Force ont "effectué la première opération offensive au-dessus de la Syrie lors de laquelle ils ont conduit des frappes", a souligné un porte-parole du ministère de la Défense.Le ministère a dans un premier temps refusé de détailler les cibles visées. Quatre Tornado ont décollé dans la nuit de la base d'Akrotiri à Chypre où la RAF dispose de huit appareils de ce type.

Des chasseurs-bombardiers supplémentaires devraient être déployés dans les jours qui viennent, alors que la Grande-Bretagne devient le sixième pays à bombarder l'EI à la fois en Irak et en Syrie. La coalition internationale, qui compte une soixantaine de membres, a effectué environ 8.300 raids aériens au-dessus de ces deux pays, dont plus de 80% ont été assurés par les Etats-Unis.

Les frappes britanniques interviennent quelques heures seulement après que le Parlement a approuvé l'extension à la Syrie des raids aériens que la Grande-Bretagne effectuait déjà en Irak contre l'EI. La présence des avions de la RAF en Irak et le fait qu'ils effectuaient déjà des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie expliquent la rapidité avec laquelle ils sont entrés en action jeudi.

Le vote au Parlement, vers 22h30 GMT, a été acquis par 397 voix pour, 223 voix contre. La majorité de 174 a été rendue possible notamment par les voix de 67 députés travaillistes, qui se sont joints aux conservateurs du Premier ministre David Cameron, selon le décompte des médias britanniques.


'La bonne décision'


Partisan de cette extension, David Cameron a déclaré que les députés avaient pris "la bonne décision pour préserver la sécurité du Royaume-Uni".
Le président américain Barack Obama, qui dirige la coalition alliée en Syrie, a également salué la décision du Parlement. Le vote s'est déroulé après plus de dix heures d'un débat passionné, dans une chambre bondée.

David Cameron a plaidé pour que le pays prenne ses responsabilités et soutienne ses alliés. En particulier la France, sous le choc des attentats ayant fait 130 morts à Paris le 13 novembre, et qui a elle-même intensifié ses frappes en Syrie depuis.

"L'action que nous proposons est légale, nécessaire et c'est la bonne chose à faire pour la sécurité de notre pays", a-t-il martelé. Selon lui, la contribution militaire du pays pourrait "faire une vraie différence", grâce notamment à l'utilisation de missiles Brimstone.

Le parlement britannique avait une première fois rejeté, en 2013, des frappes aériennes contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie, échaudé par les opérations en Afghanistan et en Irak en 2003 lancées sous l'ex Premier ministre travailliste Tony Blair. "Nous ne sommes pas en 2003. Nous ne devons pas utiliser les erreurs du passé comme excuse à l'indifférence et à l'inaction", a plaidé M. Cameron.

Le leader pacifiste du LabourJeremy Corbyn, bien qu'opposé aux frappes, avait décidé de ne pas imposer de consigne de vote pour éviter une rébellion ouverte de ses troupes, dont plus d'un quart a finalement voté pour cette intervention.


Les frappes ne font pas l'unanimité 

Jeremy Corbyn a néanmoins accusé le gouvernement de précipiter le vote. "Étendre les frappes aériennes britanniques ne va probablement pas faire de différence", a-t-il estimé.

Le soutien de l'opinion publique, fort au lendemain des attentats meurtriers à Paris, est en recul: d'après un sondage de l'institut YouGov, publié mercredi, 48% des sondés soutiennent une intervention en Syrie, contre 59% une semaine auparavant.

"Ne bombardez pas la Syrie!" "Nous voulons la paix!", ont scandé quelque 2.000 manifestants présents devant le Parlement jusqu'au vote tard dans la soirée, et qui ont hué son résultat.

En début de soirée, quelque 200 d'entre eux s'étaient allongés par terre devant le Parlement, bloquant toute une rue, pour une action censée simuler la mort de civils sous les bombes britanniques.

Même le quotidien conservateur The Times publiait jeudi un éditorial de Matthew Parris relevant amèrement que la seule justification donnée était "que la Grande-Bretagne ne doit pas rester de côté", sans tirer les leçons de l'Irak et la Libye, où une victoire militaire a été suivie du chaos par manque de préparation sur l'après intervention.

Pour Malcolm Chalmers, directeur de recherche à l'institut RUSI, "la volonté de se déployer va calmer les craintes que (le Royaume-Uni) n'est pas un partenaire fiable". Mais si "une participation aux frappes sera importante symboliquement et utile opérationnellement, elle ne changera pas le cours de la guerre".

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