Accueil Actu

RDC: l'ambassadeur d'Italie tué, Kinshasa condamne une "attaque terroriste"

L'ambassadeur d'Italie en République démocratique du Congo a été tué lundi dans l'est du pays dans une embuscade attribuée à des rebelles hutus rwandais, une attaque qualifiée de "terroriste" par le président congolais.

Luca Attanasio, 43 ans, "est décédé à la suite de ses blessures" par balles après avoir été transporté "dans un état critique" en milieu de journée dans un hôpital des Nations unies à Goma, a indiqué à l'AFP un diplomate de haut rang à Kinshasa.

Au moment de l'attaque, il circulait à bord d'un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) dans la province du Nord-Kivu, considérée comme l'une des zones les plus dangereuses du Congo, à la lisière du parc national des Virunga.

Deux autres personnes ont été tuées dans l'attaque: le chauffeur congolais du PAM et le garde du corps italien de l'ambassadeur, selon des sources congolaises et italiennes.

Sous le regard choqué de plusieurs dizaines d'habitants, des Casques bleus et des soldats de l'armée congolaise se sont déployés en nombre le long de la route entre Goma et Kibumba, là ou a eu lieu l'attaque, pour sécuriser les lieux et lancer la traque des assaillants.

Le véhicule blanc du PAM qui transportait l'ambassadeur était garé sur le bas-côté de la route, avec des vitres brisées par les tirs des agresseurs, non loin de collines verdoyantes.

Des Casques bleus ont récupéré la dépouille du garde du corps, a constaté une équipe de l'AFP.

Dans un message lu dans la soirée par son porte-parole à la télévision nationale, le président congolais Félix Tshisekedi a condamné "avec la plus grande fermeté cette attaque terroriste".

Le ministère congolais de l'Intérieur a accusé auparavant les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) d'être à l'origine de l'attaque meurtrière du convoi.

Les FDLR sont l'un des nombreux redoutables groupes armés qui menacent au quotidien les civils dans l'est de la RDC. Les FDRL ont été créées au début des années 2000 par des rebelles hutus rwandais. Certains d'entre eux ont participé au génocide des Tutsis en avril-juillet 1994 au Rwanda voisin, avant de se réfugier dans l'est de la RDC, déstabilisant durablement la région.

Quatre personnes ont été kidnappées lors de l'attaque contre le convoi de l'ambassadeur italien, dont l'une "a été retrouvée" par des soldats congolais, selon le ministère congolais de l'Intérieur.

L'attaque, selon le PAM, a également fait plusieurs blessés.

- Une "attaque lâche"-

Avant d'être prises pour cible, les victimes circulaient dans deux véhicules du PAM, sans escorte de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), a indiqué une source de la Monusco.

"Les services de sécurité et les autorités provinciales n'ont pu ni assurer des mesures de sécurisation particulière du convoi, ni venir en aide (aux personnes qui s'y trouvaient, ndlr) faute d'informations sur leur présence dans cette partie du pays pourtant réputée instable", a déclaré le ministère congolais de l'Intérieur.

Le président Tshisekedi a demandé une enquête pour que les auteurs de l'attaque soient "identifiés et traduits devant la justice".

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a lui aussi demandé à la RDC "d'enquêter avec diligence" sur cette attaque, condamnée fermement dans une déclaration par les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui se trouvait à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens, a annoncé son retour anticipé à Rome. Le président italien Sergio Mattarella a dénoncé une "attaque lâche".

Le président du Conseil européen Charles Michel s'est déclaré "choqué" par "les vies perdues". "L'UE restera aux côtés de la RDC et de sa population" pour la "sécurité et la paix", a-t-il ajouté.

Luca Attanasio était ambassadeur en RDC depuis octobre 2019, après être arrivé dans le pays deux ans plus tôt en tant que chef de mission, selon sa biographie officielle. Marié et père de trois petites filles, il était l'un des plus jeunes ambassadeurs italiens, selon la presse italienne.

A Kinshasa, un habitant, Aristote Ibosso, confie qu'il "regrette beaucoup la disparition" de M. Attanasio. "Il était très charitable , j'ai même souvenir d'une montre qu'il m'a offert", a-t-il dit.

- Groupes armés -

L'attaque contre le convoi du PAM a eu lieu au village de Kibumba, en territoire de Nyiaragongo.

A proximité se trouvent les fiefs de la rébellion hutu rwandaise FDLR et des milices hutu congolaises Nyatura. Des rebelles congolais du M-23 sont également localisés dans la zone, selon un expert du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

Le village se trouve en bordure du parc national des Virunga, dont 200 rangers ont été tués depuis la création du parc en 1925.

La dernière attaque en date remonte à début janvier, quand six rangers ont été tués dans ce parc, célèbre notamment pour ses gorilles.

Les groupes armés affirment défendre leur communauté mais se disputent souvent les ressources d'une région riche en minerais et en bois.

Luca Attanasio est le deuxième ambassadeur européen en fonction mort par balles en RDC, après le Français Philippe Bernard, tué le 28 janvier 1993 lors d'émeutes qui avaient conduit à des pillages à Kinshasa, sous le règne du président Mobutu Sese Seko.

"La France condamne avec la plus grande fermeté" l'attaque et "se tient aux côtés de l’Italie dans cette épreuve", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères. "Les responsables de cette attaque devront être identifiés et répondre de leurs actes".

À lire aussi

Sélectionné pour vous