Accueil Actu

Rivera, l'anti-indépendantiste catalan, inspiré par Macron

Albert Rivera, chef de file en Espagne du parti libéral et anti-indépendantiste Ciudadanos, a le vent en poupe dans les sondages et rêve de détrôner Mariano Rajoy pour s'allier en Europe à Emmanuel Macron, un de ses modèles avec Justin Trudeau.

Albert Rivera, 38 ans, reçoit l'AFP dans son bureau du Congrès des députés à Madrid où Ciudadanos a fait son entrée en 2015.

Il s'y affiche en photos au côté du roi Felipe VI et de l'ancien président américain Barack Obama.

Créé en 2006 à Barcelone pour s'opposer aux indépendantistes catalans et lutter contre la corruption, Ciudadanos est devenu en décembre le premier parti en voix en Catalogne. Mais, avec 36 sièges au parlement régional, il ne peut rien face à l'alliance plus que probable des trois formations séparatistes qui y ont une majorité (70 sièges sur 135).

Lui imagine devenir le premier Catalan à diriger l'Espagne depuis le rétablissement de la démocratie (après la mort du dictateur Franco en 1975).

"Je veux gouverner l'Espagne aussi comme catalan", lance-t-il, "pour avoir une vision claire de ce qu'il faut faire" dans la région face à l'indépendantisme.

"Que personne ne s'y trompe. Le séparatisme catalan va faire un demi pas en arrière pour prendre des forces", dit-il, au moment où une partie des indépendantistes assure avoir renoncé à ce stade à toute rupture unilatérale avec l'Espagne après la tentative du 27 octobre.

"L'Espagne comme pays et l'Europe comme continent et union doivent se préparer à une bataille politique et intellectuelle contre le nationalisme", ajoute-t-il.

Au niveau national, Ciudadanos n'est qu'en quatrième position, mais les sondages le donnent en forte progression, une enquête de Metroscopia l'ayant même placé devant le Parti populaire de Mariano Rajoy.

Projet conservateur "épuisé"

Le juriste de formation, ancien champion de natation, y voit une tendance de fond, même si des sondages l'avaient surévalué par le passé.

Le Parti Populaire de M. Rajoy, 62 ans, "ne fait rien", accuse-t-il alors que l'opposition dénonce les vétos et l'obstruction du PP, et que lui-même devient de plus en plus acide envers le gouvernement. "Son projet est épuisé" et "il ne nettoie pas la corruption" qui a terni son image.

Avec leurs 32 sièges au parlement espagnol, les députés de Ciudadanos ont cependant pour l'instant surtout permis à M. Rajoy d'entamer un nouveau mandat en 2016 en acceptant de l'investir chef du gouvernement - quand la gauche accusait les libéraux de n'être qu'une version renouvelée des conservateurs.

C'était en échange d'un calendrier de réformes - en matière d'éducation, de lutte contre la corruption ou de transparence - plaide Albert Rivera.

"M. Rajoy, par nature, après quelque 40 ans en politique, ne semble pas être un réformiste, un homme dynamique", mais plutôt le contraire, assène-t-il.

D'où la progression dans les sondages de Ciudadanos grâce à des électeurs qui viennent "aux deux-tiers du PP, pour un tiers du Parti socialiste", selon lui.

Face à ces critiques des membres du PP l'accusent d'être une "girouette" et de ne pas se mouiller. Une source gouvernementale souligne aussi que vendredi, le gouvernement examinera cinq projets de loi.

Pour M. Rivera, le président français, Emmanuel Macron, est en revanche "une référence" pour tout "libéral et progressiste".

Avec Emmanuel Macron et Justin Trudeau au Canada, "nous partageons les valeurs de liberté, de progrès social et de mondialisation". "La mondialisation n'est plus une option, c'est une réalité (...) il ne faut pas la combattre, il faut en profiter".

M. Rivera - dont le parti a évolué de la social-démocratie vers le libéralisme - estime que l'on peut être à la fois libéral en économie et progressiste sur les questions de société.

En Catalogne, il a défendu les options les plus dures pour combattre le séparatisme, y compris la mise sous tutelle de sa région.

Pour regagner du terrain sur ce territoire où 47,5% des voix vont aux sécessionnistes il considère qu'il faut "un plan sur dix ans, un plan stratégique, pour séduire et surveiller les politiques menées" et invoque une supposée influence des séparatistes sur l'éducation, un sujet cher à Ciudadanos mais très controversé.

Il faut "respecter l'indépendantisme, mais surtout celui qui n'est pas indépendantiste, respecte la loi et veut être Espagnol", dit-il, en se félicitant de la fermeté d'Emmanuel Macron face aux nationalistes en Corse.

À lire aussi

Sélectionné pour vous