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Roumanie: l'eurodéputée sociale-démocrate Viorica Dancila nommée Premier ministre

Le président roumain de centre droit Klaus Iohannis a nommé mercredi l'eurodéputée Viorica Dancila au poste de Premier ministre, sur proposition du Parti social-démocrate (PSD, au pouvoir), qui a récusé lundi son deuxième chef de gouvernement en sept mois.

"Après avoir pesé tous les arguments, j'ai décidé de donner une nouvelle chance aux sociaux-démocrates et de nommer la personne qu'ils ont proposée", a déclaré M. Iohannis à l'issue de consultations avec les partis politiques.

"J'espère que le nouveau gouvernement se mettra rapidement au travail pour régler les choses et non pour les embrouiller", a ajouté le chef de l'Etat, visiblement agacé par la valse des dirigeants depuis la victoire de la gauche aux législatives fin 2016.

Si elle obtient l'investiture du Parlement, en principe une formalité, Mme Dancila deviendra la première femme à diriger un gouvernement roumain, mais aussi le troisième Premier ministre en l'espace de sept mois, ses deux prédécesseurs ayant été éjectés par leur PSD après avoir manifesté trop d’indépendance vis-à-vis de l'homme fort de cette formation Liviu Dragnea.

Diplômée de l'Institut du pétrole et du gaz de Ploiesti (sud) et eurodéputée depuis 2009, Mme Dancila, 54 ans, est considérée comme une proche de Liviu Dragnea. Les deux sont originaires du département de Teleorman (sud).

M. Dragnea, qui ne peut pas briguer le poste en raison d'une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale, avait fait nommer puis contraint à la démission les deux précédents Premiers ministres, Sorin Grindeanu et Mihai Tudose, ce dernier remercié lundi.

Alors qu'il n'avait pas caché hésiter à nommer à nouveau un candidat proposé par le PSD, "le président Iohannis a opté pour la stabilité, car provoquer une crise politique aurait été très grave pour la Roumanie", s'est félicité M. Dragnea.

Interrogé par des journalistes sur les qualités qui qualifiaient l'eurodéputée pour le poste de chef de gouvernement, le patron du PSD a relevé qu'"il s'agit d'une dame décente, agréable et très compétente".

Selon M. Dragnea, le Parlement, où la coalition de gauche dispose d'une majorité solide, devrait être convoqué le 29 janvier pour le vote de confiance.

"Pour nous il est très important de mettre en oeuvre le programme (du PSD, ndlr) et de préparer la présidence tournante de l'UE", au premier semestre 2019, a souligné Mme Dancila.

Inconnue du grand public, la future dirigeante s'était fait remarquer en février en défendant devant le Parlement européen une tentative controversée du gouvernement roumain d'assouplir le code pénal qui aurait permis à certains responsables convaincus de corruption d'échapper à des poursuites.

Vivement critiqué par Bruxelles ce projet de loi avait été abandonné après avoir suscité une vague de contestation sans précédent depuis la chute du régime communiste fin 1989.

La majorité a toutefois fait passer en décembre une réforme controversée de la justice faisant craindre, selon ses détracteurs, une réduction de l'indépendance des magistrats et une restriction des prérogatives du Parquet anticorruption.

Selon M. Dragnea, Mme Dancila a assuré appuyer cette réforme, ce qui a constitué un "argument en sa faveur" lorsque les sociaux-démocrates l'ont désignée.

Mercredi, une autre controverse impliquant le nom de l'eurodéputée faisait la une des médias roumains, qui ont rappelé que l'une de ses assistantes locales, Adriana Botorogeanu, est au coeur d'un procès pour emplois fictifs dans lequel est jugé M. Dragnea.

Mme Botorogeanu a reconnu devant les juges avoir travaillé à l'antenne du PSD de Teleorman, dirigée à l'époque par M. Dragnea, alors qu'elle était officiellement employée de la Protection locale de l'enfance.

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