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Royaume-Uni: le modéré Keir Starmer, nouveau chef de l'opposition travailliste

Le centriste et europhile Keir Starmer a été largement élu samedi à la tête du Parti travailliste britannique, succédant au très à gauche Jeremy Corbyn avec pour défi de relancer la principale formation d'opposition, affaiblie et divisée, en pleine crise du coronavirus.

Cet ancien avocat de 57 ans responsable depuis trois ans du Brexit pour les travaillistes, qui faisait figure de favori, l'a emporté avec 56,2% des voix des membres du parti, face à ses deux rivales quadragénaires, Rebecca Long-Bailey et Lisa Nandy, selon les résultats communiqués par le parti.

Dans une allocution télévisée diffusée juste après son élection, Keir Starmer a immédiatement promis de dépasser les nombreuses divisions qui rongent le parti: sur la ligne radicale ou plus libérale que doit adopter le Labour, mais aussi entre eurosceptiques et pro-UE sur la question du Brexit ou encore sur la gestion de l'antisémitisme au sein du parti, que Jeremy Corbyn n'a pas su endiguer.

"Au nom du Labour, je m'excuse", a déclaré M. Starmer. Il s'est engagé à "extirper le poison" de l'antisémitsime, "tache sur le parti", se démarquant clairement de son prédécesseur, qui n'avait fait part de ses regrets que tardivement et du bout des lèvres.

En raison de la pandémie de coronavirus, le nom du vainqueur n'a pas été annoncé comme prévu au cours d'une conférence spéciale mais plus modestement sur le site internet du parti, les candidats ayant enregistré à l'avance leurs discours en cas de victoire.

- Regagner le pouvoir -

Perçu comme habile mais peu charismatique, Keir Starmer s'est engagé à remettre sur pied le parti et à le conduire à nouveau au pouvoir après sa cingante défaite aux législatives de décembre dernier face au Premier ministre conservateur Boris Johnson, marquée notamment par la perte de bastions populaires traditionnellement acquis aux travaillistes.

Il s'agissait de la seconde défaite électorale pour Jeremy Corbyn depuis son élection surprise à la tête du Labour en 2015 grâce au soutien massif de la base, et la pire depuis 1935.

"Je comprends l'ampleur de la tâche", a assuré Keir Starmer. "Notre mission est de rétablir la confiance dans notre parti", a-t-il poursuivi. "Je mènerai ce grand parti dans une nouvelle ère (...) de manière à ce quand le moment viendra, nous puissions de nouveau servir notre pays dans un gouvernement."

Les prochaines élections législatives sont prévues en 2024.

"Il y a vraiment beaucoup de ressentiment et de méfiance", explique Steven Fielding, expert politique à l'université de Nottingham, à l'AFP. "Le premier défi (du nouveau chef) sera de mettre une équipe en place qui apparaîtra au moins comme ayant la capacité d'unifier le parti".

- Le défi du coronavirus -

Mais la pandémie de nouveau coronavirus, qui profite à la popularité du gouvernement, représente un défi bien plus immédiat.

Le gouvernement de Boris Johnson a décrété un confinement général de la population afin de tenter de freiner la propagation du virus, avec le soutien des travaillistes.

Les conservateurs ont également déployé des mesures de soutien économique et sociales sans précédent pour les travailleurs et les entreprises touchés de plein fouet, qui sont habituellement l'apanage du Labour, devenu peu audible.

Comme les chefs des autres partis de l'opposition, Keir Starmer a été convié par le Premier ministre Boris Johnson à participer la semaine prochaine à un briefing sur l'épidémie de nouveau coronavirus.

"En tant que chefs de partis, nous avons le devoir de travailler ensemble en cette période d'urgence nationale", a écrit M. Johnson publiée samedi sur son compte Twitter.

Keir Starmer s'est engagé samedi à collaborer "de manière constructive" avec l'exécutif "dans l'intérêt national", tout en disant qu'il ne manquerait pas de pointer les faiblesses de l'exécutif le cas échéant.

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