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Russie : le Parquet veut punir un couple ayant manifesté avec son bébé

Le Parquet russe a demandé mardi qu'un couple soit privé de la garde de son bébé pour avoir participé à une manifestation de l'opposition fin juillet à Moscou, provoquant de vives critiques.

"Il est établi que le 27 juillet, le couple a participé illégalement à un rassemblement non autorisé avec son jeune fils d'un an. Au cours du rassemblement, les parents ont confié l'enfant à une tierce personne, ce qui mettait en danger la santé et la vie de l'enfant", a expliqué le Parquet dans un communiqué.

En conséquence, le Parquet a demandé "la privation des droits parentaux des deux conjoints sur leur enfant", précise ce communiqué, qui ajoute que "des contrôles sont en cours concernant d'autres personnes ayant pris part à des évènements de masse avec leurs jeunes enfants".

Un blogueur pro-Kremlin avait diffusé une vidéo dans laquelle on voit le couple remettre l'enfant à un homme identifié comme Sergueï Fomine, un activiste proche de l'opposante Lioubov Sobol. Selon les autorités russes, il a utilisé le bébé pour franchir les cordons de police et ne pas être arrêté.

Sergueï Fomine est actuellement recherché pour "troubles massifs" suite à cette manifestation, un qualificatif pour lequel il risque jusqu'à huit ans de prison.

Selon le père de l'enfant, Dmitri Prokazov, Sergueï est "mon meilleur ami, un ami d'enfance, (...) le parrain déclaré de mon fils aîné et le cousin de ma femme", ajoutant qu'ils quittaient la manifestation ensemble quand il lui a confié l'enfant.

"Il n'y avait aucun policier" à ce moment-là, a-t-il encore déclaré aux médias russes juste avant son interrogatoire.

L'avocat du couple, Maxime Pachkov, a plus tard affirmé à l'agence TASS que le Comité d'enquête russe n'avait "rien à reprocher" aux parents, la proximité entre les deux hommes étant établie.

L'enquête n'est pas close pour autant et "les investigations pour établir les circonstances exactes de l'affaire sont en cours", a-t-il ajouté.

L'opposition russe se mobilise depuis plusieurs semaines à l'approche des élections locales du 8 septembre, dont a été exclue la quasi-totalité des candidats d'opposition au motif que les signatures de soutien qu'ils avaient récoltées contenaient des vices de forme.

Plusieurs manifestations ont été organisées mais la réponse des autorités s'est révélée très ferme : les deux derniers rassemblements se sont soldés par plus de 1.000 interpellations, tandis que les figures de l'opposition ont reçu de courtes peines de prison. Une enquête pour "troubles massifs" a également été ouverte, une infraction pouvant conduire selon la loi russe jusqu'à 15 ans de prison.

La suggestion du Parquet, qui avait appelé la semaine dernière à réagir "avec sévérité" aux manifestations non autorisées, avait immédiatement provoqué des réactions outrées.

"C'est complètement inacceptable. Une ligne a été franchie", a déclaré à la radio Ekho Moskvy le médiateur pour les droits des enfants à Moscou, Evguéni Bounimovitch, ajoutant que l'attitude des parents "ne constitue pas un prétexte pour priver quiconque de ses droits parentaux".

"Cela créerait un dangereux précédent", a de son côté déclaré le président du Conseil consultatif pour les droits de l'homme auprès du Kremlin, Mikhaïl Fedotov, cité par l'agence de presse Interfax.

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